Introduction - Ma route vers Sinnoh
Pendant
trois ans, Ambre, Gary et moi, avions continué notre aventure depuis la ville
de Volucité et dans tout Kalos, accompagnés de ce jeune Suicune, qui accepta
que je l’appelle Glaciarun. Trois années pleines de merveilleux souvenirs,
d’images et de sons, que je retrouve encore quand j’y pense.
Je me souviens notamment, de cette migration d’Hélédelles, qui partaient vers les pays plus au sud. Nous avions passé des jours entiers à scruter le ciel sans relâche, pour essayer de compter le plus de ces animaux qui passaient au-dessus de nos têtes. Je me souviens aussi de toutes les personnes qui nous ont gentiment accueillies chez elles, en échange de quelques services. Je me souviens des merveilleuses odeurs qui émanaient des champs de fleurs, à l’aube, quand nous campions pendant le printemps. Nous avions visité des contrées magnifiques, et nous avions rencontré des gens hors du commun.
Je me souviens de cette grande fête foraine, où nous allions souvent, pour nous détendre. Ambre ne supportait pas de monter dans la grande roue, mais il avait si peur qu’il m’arrive quelque chose, qu’il ne pouvait s’empêcher de me suivre, et de supporter en silence les douloureuses minutes passées dans les airs qui le séparaient du sol. Pour le consoler, je lui offrais souvent une petite pomme à grignoter. Ambre a toujours adoré les pommes.
Le jeune Glaciarun semblait prêt à en découdre avec le reste du monde. Il était plein de vitalité, plein de force. Il grandi très vite, et devint presque aussi haut qu’un ponyta au garrot…
Lorsque je regardais Ambre, Gary et Glaciarun, ensemble, je les surnommais les trois mousquetaires. Souvent, je m’amusais à les dessiner, et j’envoyais les dessins à mon père, que j’avais régulièrement au téléphone.
Mais le soir où il était devenu un beau et grand noctali, mon cher Gary était passé d’une nature docile, à solitaire. Il me fallu alors supporter ses longues et terribles absences. Parfois, je ne le voyais pas pendant des mois entiers. Pourtant, il surgissait parfois de nulle part, après des semaines d’absence, comme s’il avait toujours été avec nous. Au début, il était très difficile de vivre sans Gary à nos côtés. Mais petit à petit, nous nous conformions à ce mode de vie. C’est donc sans lui, que nous fîmes ce voyage.
Après la lecture d’innombrables ouvrages à son sujet, nous avions découvert que le véritable Suicune devait se trouver dans le continent de Johto, puisque c’était là qu’il était apparu pour la toute première fois. Ce continent devait être le terrain de toutes les légendes qui parlaient de lui ainsi que des deux autres chiens légendaires. Nous pensions donc trouver l’origine de notre ami Glaciarun en nous rendant à Johto. J’étais certaine que nous aurions toutes les réponses à nos questions, une fois arrivés sur le continent où était apparu pour la première fois le véritable Suicune.
C’est dans cette optique, qu’Ambre, Glaciarun et moi embarquâmes à bord du Songe Lunaire, un vieux rafiot dont le capitaine, un certain Colt Vanhimer, accompagné de Brynn, son roucarnage, vantait ses multiples voyages à travers le monde. Lorsque j’embarquai sur ce navire, j’avais quinze ans. Au cours de mes trois ans accompagnée de mes amis et de ce nouveau compagnon de route, j’avais vécu des choses plutôt extraordinaires, et je me croyais alors vraiment blindée contre le moindre choc.
Cependant, je crus pendant tout le voyage que nous n’arriverions jamais en vie. Les orages grondèrent au-dessus du Songe Lunaire pendant tout notre voyage, et l’océan chahuta le rafiot, tant et si fort qu’Ambre en était malade. Pourtant, le résultat était là : Le bateau accosta sans la moindre escarmouche, au port de Frimapic, et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’Ambre et moi eûmes la possibilité de remettre enfin un pied sur la terre ferme. Glaciarun, lui, était un seigneur de la glace, et il n’eut aucun problème sur la route. Je me souviens qu’il avait même pris le temps de voyager sur l’eau, aux côtés du Songe Lunaire, sous les yeux ébahis de mon petit vipélierre.
Le bateau accosta donc à Frimapic, après des jours entiers de lutte acharnée contre le mal de mer. Cette ville, bien que tout à fait charmante, ne me donna qu’une envie : celle de rentrer chez moi au plus vite. Le capitaine Colt Vanhimer avait oublié de me prévenir que l’endroit était plongé sous de constantes neiges, venant tout droit du Mont Couronné qui dominait la ville de toute sa hauteur.
Une fois arrivée au port, c’est une grippe brutale qui m’accueillit dans cette nouvelle région. Il me fallut rester au chaud dans un lit, pendant une semaine, et accompagnée seulement de deux de mes trois meilleurs amis. Fort heureusement, les centres pokémon ont tous un espace réservés aux dresseurs malades…
Les deux infirmières Joëlles de Frimapic s’occupèrent de moi pendant tout le temps qui m’était nécessaire pour recouvrer mes forces. Le capitaine Vanhimer et Brynn vinrent même régulièrement prendre de mes nouvelles, et m’apporter du chocolat chaud, ainsi que quelques friandises pour Ambre et Glaciarun, qui restaient jour et nuit à mon chevet. De temps à autres, un des petits ponchiots de l’infirmière Joëlle venait jouer avec Glaciarun. Il s’amusait même beaucoup avec ses rubans immaculés et glacés. Souvent, il jouait à les attraper, à leur courir après, à leur parler – ou à leur aboyer dessus.
Et grâce à cette grippe, je fis une excellente rencontre, pendant ma convalescence. C’est cette rencontre qui déboucha sur toute une aventure, sans laquelle je ne serais pas la Lazul qui vous parle aujourd’hui !
Je me souviens notamment, de cette migration d’Hélédelles, qui partaient vers les pays plus au sud. Nous avions passé des jours entiers à scruter le ciel sans relâche, pour essayer de compter le plus de ces animaux qui passaient au-dessus de nos têtes. Je me souviens aussi de toutes les personnes qui nous ont gentiment accueillies chez elles, en échange de quelques services. Je me souviens des merveilleuses odeurs qui émanaient des champs de fleurs, à l’aube, quand nous campions pendant le printemps. Nous avions visité des contrées magnifiques, et nous avions rencontré des gens hors du commun.
Je me souviens de cette grande fête foraine, où nous allions souvent, pour nous détendre. Ambre ne supportait pas de monter dans la grande roue, mais il avait si peur qu’il m’arrive quelque chose, qu’il ne pouvait s’empêcher de me suivre, et de supporter en silence les douloureuses minutes passées dans les airs qui le séparaient du sol. Pour le consoler, je lui offrais souvent une petite pomme à grignoter. Ambre a toujours adoré les pommes.
Le jeune Glaciarun semblait prêt à en découdre avec le reste du monde. Il était plein de vitalité, plein de force. Il grandi très vite, et devint presque aussi haut qu’un ponyta au garrot…
Lorsque je regardais Ambre, Gary et Glaciarun, ensemble, je les surnommais les trois mousquetaires. Souvent, je m’amusais à les dessiner, et j’envoyais les dessins à mon père, que j’avais régulièrement au téléphone.
Mais le soir où il était devenu un beau et grand noctali, mon cher Gary était passé d’une nature docile, à solitaire. Il me fallu alors supporter ses longues et terribles absences. Parfois, je ne le voyais pas pendant des mois entiers. Pourtant, il surgissait parfois de nulle part, après des semaines d’absence, comme s’il avait toujours été avec nous. Au début, il était très difficile de vivre sans Gary à nos côtés. Mais petit à petit, nous nous conformions à ce mode de vie. C’est donc sans lui, que nous fîmes ce voyage.
Après la lecture d’innombrables ouvrages à son sujet, nous avions découvert que le véritable Suicune devait se trouver dans le continent de Johto, puisque c’était là qu’il était apparu pour la toute première fois. Ce continent devait être le terrain de toutes les légendes qui parlaient de lui ainsi que des deux autres chiens légendaires. Nous pensions donc trouver l’origine de notre ami Glaciarun en nous rendant à Johto. J’étais certaine que nous aurions toutes les réponses à nos questions, une fois arrivés sur le continent où était apparu pour la première fois le véritable Suicune.
C’est dans cette optique, qu’Ambre, Glaciarun et moi embarquâmes à bord du Songe Lunaire, un vieux rafiot dont le capitaine, un certain Colt Vanhimer, accompagné de Brynn, son roucarnage, vantait ses multiples voyages à travers le monde. Lorsque j’embarquai sur ce navire, j’avais quinze ans. Au cours de mes trois ans accompagnée de mes amis et de ce nouveau compagnon de route, j’avais vécu des choses plutôt extraordinaires, et je me croyais alors vraiment blindée contre le moindre choc.
Cependant, je crus pendant tout le voyage que nous n’arriverions jamais en vie. Les orages grondèrent au-dessus du Songe Lunaire pendant tout notre voyage, et l’océan chahuta le rafiot, tant et si fort qu’Ambre en était malade. Pourtant, le résultat était là : Le bateau accosta sans la moindre escarmouche, au port de Frimapic, et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’Ambre et moi eûmes la possibilité de remettre enfin un pied sur la terre ferme. Glaciarun, lui, était un seigneur de la glace, et il n’eut aucun problème sur la route. Je me souviens qu’il avait même pris le temps de voyager sur l’eau, aux côtés du Songe Lunaire, sous les yeux ébahis de mon petit vipélierre.
Le bateau accosta donc à Frimapic, après des jours entiers de lutte acharnée contre le mal de mer. Cette ville, bien que tout à fait charmante, ne me donna qu’une envie : celle de rentrer chez moi au plus vite. Le capitaine Colt Vanhimer avait oublié de me prévenir que l’endroit était plongé sous de constantes neiges, venant tout droit du Mont Couronné qui dominait la ville de toute sa hauteur.
Une fois arrivée au port, c’est une grippe brutale qui m’accueillit dans cette nouvelle région. Il me fallut rester au chaud dans un lit, pendant une semaine, et accompagnée seulement de deux de mes trois meilleurs amis. Fort heureusement, les centres pokémon ont tous un espace réservés aux dresseurs malades…
Les deux infirmières Joëlles de Frimapic s’occupèrent de moi pendant tout le temps qui m’était nécessaire pour recouvrer mes forces. Le capitaine Vanhimer et Brynn vinrent même régulièrement prendre de mes nouvelles, et m’apporter du chocolat chaud, ainsi que quelques friandises pour Ambre et Glaciarun, qui restaient jour et nuit à mon chevet. De temps à autres, un des petits ponchiots de l’infirmière Joëlle venait jouer avec Glaciarun. Il s’amusait même beaucoup avec ses rubans immaculés et glacés. Souvent, il jouait à les attraper, à leur courir après, à leur parler – ou à leur aboyer dessus.
Et grâce à cette grippe, je fis une excellente rencontre, pendant ma convalescence. C’est cette rencontre qui déboucha sur toute une aventure, sans laquelle je ne serais pas la Lazul qui vous parle aujourd’hui !
Chapitre 1 - Où j'ai rencontré Gaspard et Salem
Alors
que le soleil se couchait pour la troisième fois à l’horizon de Frimapic, et
que je désespérais d’aller mieux un jour, une voix s’éleva soudain dans le
centre pokémon où je me trouvais. Je pus entendre clairement cette voix.
_ Je le
savais ! Hurlait un jeune homme comme un fou, entre deux rires qui me
paraissaient nerveux. Il est là, regardez ! Je le savais ! J’ai réussi !
_ Gaspard, tentait de répondre l’une des infirmières Joëlle. Tu es souffrant. Tu as le front brûlant !
_ Mais je l’ai pris en photo, regardes là !
_ Suis-moi, Gaspard…
Alors que j’utilisais mes dernières forces et me redressais sur mes coudes pour mieux voir et entendre la scène qui se déroulait non loin, je vis l’infirmière Joëlle emmener un garçon, à peine plus âgé que moi, dans la salle d’infirmerie. Il était accompagné d’un petit farfuret qui s’accrochait à lui avec force. Alors qu’elle le forçait à rester assis sur le lit qui se trouvait à côté du mien, le jeune homme ne cessait de lui montrer son appareil photo, et le félin prenait place à ses côtés :
_ Regarde, disait-il. Regarde, il est là, juste là, sous les branches.
_ Je vois, répondit patiemment l’infirmière en s’occupant uniquement de voir l’état du jeune homme.
_ Mais tu n’as même pas regardé !
La femme termina son examen, et lança un regard noir au jeune homme assis sur le lit. Elle parla sur un ton qui mêlait la peur et la colère :
_ Tu es fatigué et souffrant. Depuis combien de temps traînes-tu dehors sans dormir ? Je t’ai déjà dis que c’était dangereux !
_ Oh, j’en sais rien. Ça n’a pas d’importante. J’ai vu le Pokémon du Savoir !
J’étais bien incapable de parler, mais j’avais entendu une information plutôt intéressante. Allongée dans mon lit, et incapable de vraiment bouger sans ressentir de violentes courbatures, j’assistais donc, silencieuse, à ce qui ressemblait à une scène entre une mère et son fils.
_ Bien sur que cela a une importance. Si tu continues comme ça, tu finiras par avoir de graves problèmes de santé. Sais-tu combien de fois je t’ai récupéré dans cet état ces trois dernières années ? Je veux que tu arrêtes ça, Gaspard. A présent, dors.
_ Mais je…
_ Dors !
Alors que l’infirmière Joëlle quittait la pièce, le jeune se tourna vers nous. A voir l’état dans lequel j’étais, il sembla désolé, mais ce qu’il semblait avoir découvert l’emporta très vite sur la pitié. Après un bref regard en direction de l’accueil du centre pokémon, il retrouva un large sourire et me tendit son appareil photo :
_ Je l’ai eu ! J’ai réussi à le prendre en photo !
Je pris tant bien que mal l’appareil qu’il me tenait, tandis qu’il continuait son discours passionné :
_ Ca fait des mois que je le cherche. Des mois ! Je l’avais déjà aperçu, quand j’étais qu’un môme. Je savais qu’il était par là. Ce n’est qu’un cliché, mais la prochaine fois, je le rencontrerai !
Le cliché représentait un grand lac, partiellement gelé, dont les berges étaient recouvertes des mêmes neiges qui cernaient la ville de Frimapic, au centre se trouvait une petite surface émergeant de l’eau, dont je ne pouvais dire s’il s’agissait d’un iceberg ou d’un petit ilot. Sur la photo, ce plan était flou, car les branches basses des sapins, avaient trompé l’appareil, qui les avait pris en guise de premier plan.
Je cherchai longtemps ce que devait montrer ce cliché. Heureusement, Ambre avait un meilleur regard que moi, et c’est du bout d’une de ses pattes qu’il me montra ce que je devais réellement voir. C’est alors que je décelai une petite tache bleue et jaune, semblant voler entre deux des branches.
Malheureusement, la créature était aussi floue que la quasi-totalité de l’arrière-plan de la photo. De plus, mes yeux embués m’empêchaient de voir clairement. Je rendis donc l’appareil photo à Gaspard sans cacher mon embarras pour lui. Il le reprit sans se départir de son grand sourire.
_ Je suis désolée, dis-je. Je ne sais pas quel est le pokémon que tu as voulu prendre en photo, il est beaucoup trop flou. N’importe qui te dira que c’est probablement un trucage, ou un autre pokémon aux mêmes couleurs.
Le jeune homme se redressa :
_ Comment ? Tu ne connais pas Créhelf, le pokémon de la connaissance ? Tu n’es pas de Sinnoh, toi !
_ Non, dis-je. Je viens de la région d’Unys, qui est bien plus au nord… sans être plus glaciale.
Quand je compris à quel point le silence était pesant en réponse à ce que je venais de dire, je me tournai vers le jeune homme qui m’avait montré son cliché. Il venait de s’endormir sur le lit où on l’avait forcé à s’installer. Le petit farfuret s’était sagement installé en boule sur son ventre.
_ Eh bien, en voilà un qui n’a aucun mal à trouver le sommeil !
_ Viipé !
Pendant les quelques jours qui suivirent, je pus me remettre doucement de mon mal, et Gaspard, avait apparemment enfin trouvé une personne dans son village qui le croyait. C’était un garçon qui avait passé toute sa vie dans ce village glacial, il était le fils de l’une des infirmières Joëlle de Frimapic, Lila.
Il me raconta les légendes du continent de Sinnoh. D’après lui, ce continent est le premier à avoir été créé par Arceus, le Dieu pokémon, après qu’il ait imaginé Palkia et Dialga, les pokémons de l’espace et du temps. Pour créer le monde, il fit apparaître trois pokémons féériques : Créfollet le pokémon de l’émotion, Créfadet le pokémon du courage, et Créhelf le pokémon du savoir. Chacun de ces animaux avait partagé ses connaissances avec humains et pokémons. C’est pourquoi, selon Gaspard et beaucoup d’autres habitants de Sinnoh, nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui.
Gaspard parlait constamment de Créhelf, il ne tarissait pas d’éloges à propos de ce pokémon jaune et bleu, une créature qu’il recherchait sans cesse, et ne perdait pas les bras même s’il ne parvenait pas à l’approcher. Cela faisait des années qu’il tentait désespérément d’entrer en contact avec cet animal. Gaspard se fichait royalement des deux autres êtres féériques. Seul celui-là l’intéressait, à tel point d’ailleurs que je me demandai s’il n’avait pas eu une histoire en liaison avec ce pokémon. Gaspard était incapable de me répondre. Tout ce qu’il savait, disait-il, c’était qu’il se souvenait l’avoir vu, lorsqu’il n’était encore qu’un nouveau-né. Il avait cette image de Créhelf penché sur lui. Peut-être était-ce une illusion, et c’était l’avis de tous les habitants de Frimapic, mais il était réellement certain de ce qu’il avait vécu, et de ce qu’il connaissait de ce pokémon.
Il avait l’intime conviction que retrouver Créhelf l’aiderait à connaître son passé. Voilà des années qu’il cherchait à mettre enfin la main sur l’animal jaune et bleu, qui était le seul à pouvoir lui dire ce qui lui était arrivé lorsqu’il n’était qu’un nourrisson. Chaque jour, il utilisait de nouveaux stratagèmes, de nouvelles idées pour approcher le légendaire, qui lorsqu’il daignait se montrer, disparaissait aussitôt que Gaspard sortait son appareil photo, ou tentait une approche plus directe. Le jeune homme se sentait désemparé, et pourtant, il ne cessait de croire qu’un jour, il trouverait enfin le moyen de l’approcher, pour lui demander ce qu’il savait sur son enfance.
Son farfuret qui l’accompagnait s’appelait Salem, et ils se connaissaient depuis plus de cinq ans. Elle ne laissait jamais Gaspard seul, comme si elle faisait littéralement partie de lui.
Plus Gaspard me parlait de Créhelf, plus je me disais que je devais l’aider à le rencontrer. Pour moi, c’était une aubaine. Si ce pokémon était celui du Savoir, il pourrait nous en dire plus sur le pauvre Glaciarun, qui se retrouvait dans un monde qui ne le reconnaissait même pas comme étant le véritable Suicune. Il avait forcément des informations sur le vrai chien de glace, et sur le rôle que devait avoir mon ami.
Car si Glaciarun était là, c’est qu’il avait forcément un rôle à jouer, sur un plan ou un autre. Le tout était de savoir qui l’avait « créé », et surtout dans quel but. Car Glaciarun était comme tout bon pokémon, un excellent compagnon de route, puissant, et efficace. Et qui savait quels êtres malhonnêtes pourraient se servir de lui comme d’une arme redoutable !
D’un commun accord, Ambre, Glaciarun et moi décidâmes d’accompagner Gaspard et Salem, jusqu’au Lac Savoir, pour les aider à trouver Créhelf et leur permettre de communiquer avec lui. Glaciarun étant un pokémon de la glace, il avait la possibilité de traverser le lac s’il était gelé. Et c’est avec grand plaisir que le garçon et son pokémon acceptèrent notre aide. Nous avions tous hâte de reprendre assez de forces pour pouvoir enfin quitter le centre pokémon et partir à la découverte du Lac Savoir.
Cependant, il me fallut encore quelques jours pour me remettre d’aplomb. Quand le capitaine Colt vint me voir, je lui proposai de venir avec nous, mais le marin n’aimait pas se savoir loin de son vieux rafiot. Il nous donna quelques baies, espérant qu’elles attireraient Créhelf hors de sa tanière, et nous souhaita bonne chance lorsque je pus enfin quitter mon lit de malade.
A vrai dire, nous n’eûmes pas besoin d’utiliser de baies… mais notre conquête du lac Savoir ne fut pas aussi simple que nous l’avions espéré !
_ Gaspard, tentait de répondre l’une des infirmières Joëlle. Tu es souffrant. Tu as le front brûlant !
_ Mais je l’ai pris en photo, regardes là !
_ Suis-moi, Gaspard…
Alors que j’utilisais mes dernières forces et me redressais sur mes coudes pour mieux voir et entendre la scène qui se déroulait non loin, je vis l’infirmière Joëlle emmener un garçon, à peine plus âgé que moi, dans la salle d’infirmerie. Il était accompagné d’un petit farfuret qui s’accrochait à lui avec force. Alors qu’elle le forçait à rester assis sur le lit qui se trouvait à côté du mien, le jeune homme ne cessait de lui montrer son appareil photo, et le félin prenait place à ses côtés :
_ Regarde, disait-il. Regarde, il est là, juste là, sous les branches.
_ Je vois, répondit patiemment l’infirmière en s’occupant uniquement de voir l’état du jeune homme.
_ Mais tu n’as même pas regardé !
La femme termina son examen, et lança un regard noir au jeune homme assis sur le lit. Elle parla sur un ton qui mêlait la peur et la colère :
_ Tu es fatigué et souffrant. Depuis combien de temps traînes-tu dehors sans dormir ? Je t’ai déjà dis que c’était dangereux !
_ Oh, j’en sais rien. Ça n’a pas d’importante. J’ai vu le Pokémon du Savoir !
J’étais bien incapable de parler, mais j’avais entendu une information plutôt intéressante. Allongée dans mon lit, et incapable de vraiment bouger sans ressentir de violentes courbatures, j’assistais donc, silencieuse, à ce qui ressemblait à une scène entre une mère et son fils.
_ Bien sur que cela a une importance. Si tu continues comme ça, tu finiras par avoir de graves problèmes de santé. Sais-tu combien de fois je t’ai récupéré dans cet état ces trois dernières années ? Je veux que tu arrêtes ça, Gaspard. A présent, dors.
_ Mais je…
_ Dors !
Alors que l’infirmière Joëlle quittait la pièce, le jeune se tourna vers nous. A voir l’état dans lequel j’étais, il sembla désolé, mais ce qu’il semblait avoir découvert l’emporta très vite sur la pitié. Après un bref regard en direction de l’accueil du centre pokémon, il retrouva un large sourire et me tendit son appareil photo :
_ Je l’ai eu ! J’ai réussi à le prendre en photo !
Je pris tant bien que mal l’appareil qu’il me tenait, tandis qu’il continuait son discours passionné :
_ Ca fait des mois que je le cherche. Des mois ! Je l’avais déjà aperçu, quand j’étais qu’un môme. Je savais qu’il était par là. Ce n’est qu’un cliché, mais la prochaine fois, je le rencontrerai !
Le cliché représentait un grand lac, partiellement gelé, dont les berges étaient recouvertes des mêmes neiges qui cernaient la ville de Frimapic, au centre se trouvait une petite surface émergeant de l’eau, dont je ne pouvais dire s’il s’agissait d’un iceberg ou d’un petit ilot. Sur la photo, ce plan était flou, car les branches basses des sapins, avaient trompé l’appareil, qui les avait pris en guise de premier plan.
Je cherchai longtemps ce que devait montrer ce cliché. Heureusement, Ambre avait un meilleur regard que moi, et c’est du bout d’une de ses pattes qu’il me montra ce que je devais réellement voir. C’est alors que je décelai une petite tache bleue et jaune, semblant voler entre deux des branches.
Malheureusement, la créature était aussi floue que la quasi-totalité de l’arrière-plan de la photo. De plus, mes yeux embués m’empêchaient de voir clairement. Je rendis donc l’appareil photo à Gaspard sans cacher mon embarras pour lui. Il le reprit sans se départir de son grand sourire.
_ Je suis désolée, dis-je. Je ne sais pas quel est le pokémon que tu as voulu prendre en photo, il est beaucoup trop flou. N’importe qui te dira que c’est probablement un trucage, ou un autre pokémon aux mêmes couleurs.
Le jeune homme se redressa :
_ Comment ? Tu ne connais pas Créhelf, le pokémon de la connaissance ? Tu n’es pas de Sinnoh, toi !
_ Non, dis-je. Je viens de la région d’Unys, qui est bien plus au nord… sans être plus glaciale.
Quand je compris à quel point le silence était pesant en réponse à ce que je venais de dire, je me tournai vers le jeune homme qui m’avait montré son cliché. Il venait de s’endormir sur le lit où on l’avait forcé à s’installer. Le petit farfuret s’était sagement installé en boule sur son ventre.
_ Eh bien, en voilà un qui n’a aucun mal à trouver le sommeil !
_ Viipé !
Pendant les quelques jours qui suivirent, je pus me remettre doucement de mon mal, et Gaspard, avait apparemment enfin trouvé une personne dans son village qui le croyait. C’était un garçon qui avait passé toute sa vie dans ce village glacial, il était le fils de l’une des infirmières Joëlle de Frimapic, Lila.
Il me raconta les légendes du continent de Sinnoh. D’après lui, ce continent est le premier à avoir été créé par Arceus, le Dieu pokémon, après qu’il ait imaginé Palkia et Dialga, les pokémons de l’espace et du temps. Pour créer le monde, il fit apparaître trois pokémons féériques : Créfollet le pokémon de l’émotion, Créfadet le pokémon du courage, et Créhelf le pokémon du savoir. Chacun de ces animaux avait partagé ses connaissances avec humains et pokémons. C’est pourquoi, selon Gaspard et beaucoup d’autres habitants de Sinnoh, nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui.
Gaspard parlait constamment de Créhelf, il ne tarissait pas d’éloges à propos de ce pokémon jaune et bleu, une créature qu’il recherchait sans cesse, et ne perdait pas les bras même s’il ne parvenait pas à l’approcher. Cela faisait des années qu’il tentait désespérément d’entrer en contact avec cet animal. Gaspard se fichait royalement des deux autres êtres féériques. Seul celui-là l’intéressait, à tel point d’ailleurs que je me demandai s’il n’avait pas eu une histoire en liaison avec ce pokémon. Gaspard était incapable de me répondre. Tout ce qu’il savait, disait-il, c’était qu’il se souvenait l’avoir vu, lorsqu’il n’était encore qu’un nouveau-né. Il avait cette image de Créhelf penché sur lui. Peut-être était-ce une illusion, et c’était l’avis de tous les habitants de Frimapic, mais il était réellement certain de ce qu’il avait vécu, et de ce qu’il connaissait de ce pokémon.
Il avait l’intime conviction que retrouver Créhelf l’aiderait à connaître son passé. Voilà des années qu’il cherchait à mettre enfin la main sur l’animal jaune et bleu, qui était le seul à pouvoir lui dire ce qui lui était arrivé lorsqu’il n’était qu’un nourrisson. Chaque jour, il utilisait de nouveaux stratagèmes, de nouvelles idées pour approcher le légendaire, qui lorsqu’il daignait se montrer, disparaissait aussitôt que Gaspard sortait son appareil photo, ou tentait une approche plus directe. Le jeune homme se sentait désemparé, et pourtant, il ne cessait de croire qu’un jour, il trouverait enfin le moyen de l’approcher, pour lui demander ce qu’il savait sur son enfance.
Son farfuret qui l’accompagnait s’appelait Salem, et ils se connaissaient depuis plus de cinq ans. Elle ne laissait jamais Gaspard seul, comme si elle faisait littéralement partie de lui.
Plus Gaspard me parlait de Créhelf, plus je me disais que je devais l’aider à le rencontrer. Pour moi, c’était une aubaine. Si ce pokémon était celui du Savoir, il pourrait nous en dire plus sur le pauvre Glaciarun, qui se retrouvait dans un monde qui ne le reconnaissait même pas comme étant le véritable Suicune. Il avait forcément des informations sur le vrai chien de glace, et sur le rôle que devait avoir mon ami.
Car si Glaciarun était là, c’est qu’il avait forcément un rôle à jouer, sur un plan ou un autre. Le tout était de savoir qui l’avait « créé », et surtout dans quel but. Car Glaciarun était comme tout bon pokémon, un excellent compagnon de route, puissant, et efficace. Et qui savait quels êtres malhonnêtes pourraient se servir de lui comme d’une arme redoutable !
D’un commun accord, Ambre, Glaciarun et moi décidâmes d’accompagner Gaspard et Salem, jusqu’au Lac Savoir, pour les aider à trouver Créhelf et leur permettre de communiquer avec lui. Glaciarun étant un pokémon de la glace, il avait la possibilité de traverser le lac s’il était gelé. Et c’est avec grand plaisir que le garçon et son pokémon acceptèrent notre aide. Nous avions tous hâte de reprendre assez de forces pour pouvoir enfin quitter le centre pokémon et partir à la découverte du Lac Savoir.
Cependant, il me fallut encore quelques jours pour me remettre d’aplomb. Quand le capitaine Colt vint me voir, je lui proposai de venir avec nous, mais le marin n’aimait pas se savoir loin de son vieux rafiot. Il nous donna quelques baies, espérant qu’elles attireraient Créhelf hors de sa tanière, et nous souhaita bonne chance lorsque je pus enfin quitter mon lit de malade.
A vrai dire, nous n’eûmes pas besoin d’utiliser de baies… mais notre conquête du lac Savoir ne fut pas aussi simple que nous l’avions espéré !
Chapitre 2 - Où nous avons découvert le Lac Savoir
Au bout de quelques jours, nous pûmes enfin partir à l’aventure, avec Gaspard et Salem en qualité de guides. Grâce à Lila, la mère de Gaspard, et l’infirmière Joëlle de Frimapic, je pus me remettre de ma grippe. Elle me donna aussi quelques vêtements chauds pour m’éviter de réitérer l’expérience.
Une fois bien parée à affronter le froid hivernal de cette région, je pris Ambre sous mon bras – lui aussi quelque peu couvert pour résister au froid – et accompagnée de Glaciarun, je pris la suite de Gaspard et Salem, sur la route du lac Savoir. Ce qui nous surprit, c’est que Gaspard était en t-shirt court, et ne portait même pas une petite écharpe pour se couvrir alors qu’il neigeait abondamment ! Il semblait immunisé contre le froid. Un des petits ponchiots de la pension pokémon nous accompagnait.
Nous fîmes donc route jusqu’à ce qui semblait être l’habitat du pokémon de la connaissance, et le spectacle nous sembla alors presque irréel. Même Gaspard était choqué par ce qu’il voyait : au lieu d’une forêt de sapins, entourant un lac en partie gelé, au centre duquel se trouvait un îlot de pierre grise, nous ne pouvions voir qu’une épaisse brume argentée. Seul Glaciarun n’était pas perturbé par un brouillard aussi lourd. Le chien des glaces semblait même pouvoir le percer du regard sans problèmes.
_ Je ne comprends pas, dit Gaspard. Le lac n’a jamais été comme ça.
_ La brume va peut-être se dissiper, essayais-je.
_ Je ne crois pas. Ce n’est pas naturel.
_ Tu veux dire qu’un pokémon en est à l’origine ?
Gaspard soupira. Il semblait perdu, et pourtant son regard était déterminé.
_ J’ai un mauvais pressentiment, reprit-il. Il se passe quelque chose d’anormal.
Cela me fit soudainement penser à l’enlèvement de Gary, lorsque j’étais à Volucité, quelques années auparavant. Là bas, j’avais appris, auprès de Shyn, une dresseuse au grand cœur, à accepter de ne plus utiliser de pokéballs. Car selon elle, et c’est aussi devenu ma façon de penser, ces objets asservissaient les pokémons plus qu’ils ne leur permettaient de vivre comme ils le souhaitaient.
Je tentai de percer le brouillard du regard, mais bien sur, je n’y parvins pas. Ambre avait une certaine appréhension, il n’aimait pas le froid, et il aimait encore moins le brouillard. Mon petit lézard se colla contre moi, et serra son écharpe contre son cou, tandis que Glaciarun s’avançait le premier, oreilles tenues en avant, vers cette épaisse couche blanche qui se dressait devant nous. Il se mit même à grogner lentement. Gaspard et moi tendîmes l’oreille et c’est au bout de quelques secondes de silence, que des aboiements nous parvinrent, étouffés par le crachin opaque.
Aussitôt, notre petit groupe se précipita vers l’origine des cris, mais la brume ambiante ne nous permettait pas de voir à plus de deux mètres en avant. Gaspard appelait et criait si quelqu’un avait besoin d’aide, et parfois je l’entendais à peine alors qu’il courait non loin de moi. Nous ne pouvions entendre que des cris lointains. Nous ne savions pas s’il s’agissait de pokémons ou d’humains, tant ils étaient déformés. Très vite, je perdis la trace de Gaspard qui disparut de ma vue. Glaciarun l’avait probablement accompagné car je ne voyais plus sa forme significative non plus. J’étais seule, avec ambre accroché à mon épaule.
Je cherchais autour de moi un signe, une forme que je puisse reconnaître, incapable d’avancer plus, quand j’entendis à nouveau, entre deux souffles haletants, des appels venant probablement de Gaspard. Je me mis à courir dans cette direction, mais je ne voyais même pas le sol, et soudain, il sembla se dérober sous mes pieds. J’eus l’impression de tomber indéfiniment. Je croyais que j’allais mourir, et la seule chose que j’espérais était qu’Ambre s’en sortirait.
Mais je fus retenue dans ma chute, et il me fallut quelques secondes pour réaliser que quelqu’un me tenait la main fermement. Lorsque je levai la tête, je vis un homme enrubanné, et paré de pied en cap comme un guerrier de Jadis, tout de métal vêtu.
La surprise était telle pour moi, que je ne pus dire un mot. Ambre, quant à lui, passa de mon épaule à la sienne, pour lui éviter une charge de plus à soutenir. Au-dessus du vide, je restai ébahie devant l’homme étrange, qui m’aida à reprendre pied. Enfin, au bout d’un temps, après avoir repris mes esprits, je pus parler :
_ M… merci !
_ Tu ne devrais pas courir si tu ne vois pas devant toi.
La voix de cet homme semblait à la fois jeune et vieille, j’avais l’impression qu’elle sortait d’outre-tombe et qu’elle était totalement irréelle. Pour autant, cela ne m’empêcha pas de lui répondre
_ Mais… mes amis sont peut-être en danger.
_ Tes amis n’ont pas failli tomber dans ce qu’il reste du lac Savoir.
_ Qu… Quoi ?
L’homme m’expliqua que toute l’eau glacée du lac Savoir s’était évaporée et transformée en brouillard et que le précipice d’où il venait de me sauver en était le cratère. Il me dit qu’un pokémon avait probablement utilisé une attaque de type feu, changeant l’eau en vapeur et cachant tout à tous. Puis je le suivis jusqu’à un endroit moins escarpé, où nous pourrions retrouver Gaspard, Salem et Glaciarun. Parfois, j’appelais l’un ou l’autre des trois êtres, mais aucun ne me répondait. Cependant, j’entendais toujours les aboiements estompés qui nous avaient donné la force de franchir la barrière de brume.
Alors que nous nous dirigions, mon sauveteur et moi, vers les cris étouffés, une question me vint :
_ Qui êtes-vous ?
_ Tu n’as pas à le savoir, chère Lazul. Dis-toi que je suis un ancêtre qui veille sur toi.
J’étais sceptique, bien sur. Mais je dus me rendre à l’évidence que c’était peut-être vrai : sinon, comment aurait-il sut mon nom ? Une fois arrivés à l’endroit d’où venaient les cris, je retrouvai Gaspard, Salem et Glaciarun.
Ambre sauta sur le dos du chien des glaces pour lui faire la fête, et gaspard m’expliqua ce qui s’était passé sur un fond sonore d’aboiements surexcité :
_ Il y a des pokémons coincés dans les crevasses. Quand l’eau s’est évaporée, les poissons se sont retrouvés sans milieu pour y vivre. C’est le ponchiot qui les a trouvés là.
En effet, dans ce qu’il restait du fond du lac, baignaient des dizaines de poissirènes et de magicarpes, en train de se débattre dans le peu d’eau qu’il restait sans savoir ce qui leur arrivait. Le petit chien ébouriffé s’apprêtait à bondir dans le trou pour les y déloger, mais il ne savait pas d’où il avait le plus de chance de retomber correctement sur ses pattes.
_ Ils ne tiendront pas longtemps s’ils restent sans eau pour y vivre. Il faut les sortir de là. Qu’en pensez-vous ?
Je me tournai vers l’homme de jadis, mais sa silhouette était déjà en train de s’estomper dans la brume. Je restai un instant indécise, à la voir disparaître.
_ A qui parles-tu ?
A la question de Gaspard, je ne savais pas quoi répondre. Cet homme était bien réel, il m’avait secourue, il m’avait sauvée de ce précipice. Pourtant, il ne semblait pas...
_ Euh, eh bien… à… à toi !
_ Ohé, il y a quelqu’un ? Fit une voix, non loin.
_ Par ici, répondit Gaspard.
Un groupe de cinq personnes, deux couples et un vieillard, nous rejoignit, pour voir les pokémons aquatiques agoniser.
_ Que s’est-il passé ? Demanda le vieil homme.
_ Nous n’en savons rien, répondit Gaspard. Mais il faut les emmener de toute urgence dans un endroit où ils seront en sécurité. Centre pokémon, piscines, baignoires… tant que ça leur permet de survivre, tout est bon.
_ On peut s’en charger, dit un homme dans le groupe. A Frimapic, ils ne refuseront pas de nous aider.
_ Parfait. Lazul et moi allons chercher ce qui est à l’origine du problème.
Sans un mot de plus, je suivis Gaspard jusqu’à ce qui devait être l’ilot du lac. Le roc était immense, et nous devions grimper pour atteindre l’entrée de la grotte. En quelques bonds, Ambre sur le dos, Glaciarun était déjà en haut, à nous attendre tranquillement. Salem escaladait la paroi aux côtés de Gaspard et je portais le petit chiot sous le bras.
Une fois arrivés au bord de l’ilot, Gaspard me laissa le temps de reprendre mon souffle et en profita pour inspecter les alentours. Bien sur, nous n’y voyions toujours rien au-delà de cinq mètres, Mais l’entrée de la grotte était apparemment hors d’atteinte. Après un regard entendu, nous entrâmes ensemble.
Glaciarun était porté par une certaine hardiesse, car il nous précédait de quelques pas, dans la pénombre de l’endroit. Il n’y avait pas de brouillard ici, mais le silence était si pesant qu’il semblait même aspirer les bruits de nos pas.
_ Ce n’est vraiment pas normal, murmura Gaspard. Je suis souvent venu ici, et il y a toujours des pokémons qui traînent. Généralement, ce sont des psykokwak, ou des castornos. On dirait bien qu’ils se cachent.
_ Peut-être qu’ils sont un peu perturbés par ce qui se passe dehors. D’ici, entends-tu les bruits du lac, en temps normal ?
_ Je n’y ai jamais fais attention, mais tu as peut-être raison.
Cette remarque sembla rendre un léger courage au garçon, qui prit une grande bouffée d’air et se remit à marcher avec hardiesse. Le silence reprit un instant, et Glaciarun, qui s’était rendu compte qu’il ne savait pas vraiment où il devait aller, nous attendit en reniflant les parois. C’est alors l’adolescent qui m’avait guidé jusqu’au lac, qui reprit la tête de notre petit groupe. Lui, avait l’air de savoir où il allait. La curiosité me poussa à lui demander s’il était certain de ce qu’il faisait :
_ J’ai l’impression que tu sais ce qui se passe, Gaspard. Et que tu sais comment trouver la solution à notre problème. Ai-je tort ?
_ En réalité, je ne me fie qu’à mon intuition. Parfois, quand je regarde certains endroits de la grotte, j’ai une idée de déjà-vu, de déjà-vécu. Je ne sais pas pourquoi je prends tel ou tel chemin, j’ai l’impression que c’est le bon, tout simplement.
J’avais beau fouiller dans ma mémoire, il ne me semblait pas me souvenir avoir vécu cela. En tout cas, pas pour quelque chose d’aussi important. Ambre était descendu du dos de Glaciarun, et marchait à ses côtés.
Il le regardait avec admiration et étonnement mêlés. Salem accompagnait mon ami des glaces, qui observait finement tout ce qui l’entourait, comme s’il manquait quelque chose, ou au contraire, comme si quelqu’un se cachait quelque part, à nous épier. La farfuret aussi, avait l’impression que quelque chose n’allait pas, mais tentait de ne pas montrer ses sentiments à Gaspard.
Soudain, une forme nous coupa la route. Sous la lumière de nos lampes torche, je crus à un mirage, lorsque je la vis. C’était un énorme canidé gris sombre, aux pattes colossales et cerclées de pierre, et à la fourrure épaisse. Une large moustache dorée cernait sa gueule, et une crinière de cuivre et d’argent partait de son museau pour s’évaser jusque derrière ses oreilles. Au-dessus de son dos s’étendait une épaisse fumée noire, qui prenait sa base dans le cou de l’animal.
La pénombre autour le rendait immense et monstrueux. Nous étions subjugués, terrifiés. Gaspard en savait moins que moi sur les trois chiens légendaires. D’autant que j’avais remarqué que quelque chose n’était pas tout à fait normale quant à ce grand loup.
_ Ne me dites pas que c’est…
_ Entei, le monarque des flammes.
Chapitre 3 - Où Glaciarun rencontra un véritable ennemi
J’avais répondu cela dans un souffle.
Un Entei, qui ne semblait pas être le pokémon légendaire originel, face à mon
ami Glaciarun qui n’était pas lui-même le premier chien des glaces… j’étais
loin de m’imaginer une telle scène lorsque j’avais eu l’idée d’accompagner
Gaspard pour découvrir Créhelf. Une fois notre étonnement passé, Glaciarun
s’interposa entre le canidé enflammé et nous, mais je savais, pour l’avoir
étudié longtemps, qu’il n’était pas aussi puissant qu’il le souhaitait, face à
son adversaire.
Commença alors un duel de grondement entre les deux pokémons, sans que l’un des deux ose s’avancer et s’attaquer directement à l’autre. Je ne voulais pas que Glaciarun risque inutilement sa peau contre un adversaire de cette trempe. Mais lui, était bien décidé à ne pas laisser l’Entei nous faire du mal.
Je ne savais que faire, et sous mes yeux écarquillés par la peur, les deux grands chiens légendaires se jetèrent l’un sur l’autre, et commencèrent à se battre farouchement. Sans réfléchir, je me précipitai vers eux, pour les séparer ou bien me mêler au combat… A vrai dire, je ne sais pas ce qui me prit. Gaspard eut la bonne idée de me rattraper au vol.
_ Il faut arrêter ça ! Hurlai-je, désemparée.
_ Tout ce que tu peux faire, c’est espérer que Glaciarun ait des attaques de type eau. Ce pokémon est trop puissant pour lui, Ambre ou Salem.
Je le savais, bien sur. Mais si, lorsque j’avais 10 ans, les combats pokémon faisaient partie des choses normales et totalement banales, ils étaient devenu selon moi, au fil du temps, trop brutaux et trop monstrueux pour des créatures qui ne réclamaient qu’un peu d’amour. C’est pourquoi je n’avais jamais plus entrainé Ambre, et c’est pourquoi Glaciarun n’avait pas réellement appris à se battre. Je savais que, non seulement, il était d’un type plus faible, mais en plus, il n’était pas de taille à se battre face à un adversaire de cette trempe…
Alors que je désespérais de trouver une idée, et que les deux combattants continuaient sans relâche, Ambre prit les devants.
_ Ambre, qu’est-ce que tu fais !
Le petit vipélierre n’avait pas aussi peur que moi, et à voir son regard, je sus qu’il avait une idée. D’un coup, il se mit à briller d’une lueur verte, le même genre de lueur que lorsque Gary était passé de petit évoli à grand noctali. Stupéfait, l’Entei cessa le combat contre Glaciarun, qui en profita pour se reculer et reprendre des forces. La lumière qui émanait d’Ambre fut si forte que je dus me protéger les yeux.
Lorsqu’enfin, je pus les ouvrir de nouveau, ce n’était plus un petit vipélierre, qui se tenait face à son adversaire enflammé. Il était devenu un lianaja plein d’assurance. Son unique oreille se dressa un instant sur sa tête, et il n’eut aucun mal à se faire une place entre les deux assaillants. Si Glaciarun était envieux de reprendre le combat, l’Entei, lui, semblait toujours surpris par l’entrée en scène subite d’un être aussi petit face à lui qui était aussi grand. Le grand chien sombre ne parvenait pas à comprendre ce que faisait mon petit lézard. Ambre s’entoura d’un nuage poudreux, et lui sauta à la tête.
Le chien des flammes n’eut pas le temps de réagir, qu’il s’effondra lourdement au sol, assoupi. Je me précipitai vers mes deux pokémons, pour les prendre dans mes bras. Ambre n’avait rien, mais la pelisse de Glaciarun était brûlée à différents endroits, et il avait été sauvagement mordu à une patte.
_ Poudre dodo ? Suggéra Gaspard. Bonne idée.
_ C’est la technique de ceux qui refusent de combattre.
_ Qu’allons-nous faire de celui-là ? demanda-t-il en montrant l’Entei de sa lampe torche.
_ Je n’en sais rien. Il dort, laissons-le ici. Les pokémons des alentours ne s’en soucieront probablement pas. Nous reviendrons le réveiller, dès que tout cela sera terminé.
Gaspard parut réfléchir, puis il acquiesça.
_ Glaciarun, tu peux te mettre debout ?
Mon ami des glaces fit oui de la tête, avant de se mettre sur ses quatre pattes, aidé par Ambre et Salem. Il fallait que tout cela cesse.
Une idée avait germé dans mon esprit : une personne malveillante avait probablement voulu s’emparer du pokémon du savoir. Elle avait pour cela utilisé un pokémon avec la technique brouillard ou ébullition, et elle profitait à présent de la panique générale du dehors pour venir en toute quiétude capturer le pokémon légendaire.
Que voulait-elle en faire ? Je n’osais pas m’imaginer qu’elle voulait le dupliquer comme elle l’avait fait pour Suicune et Entei. Je vis que Gaspard avait eu la même révélation que moi, au regard que nous pûmes échanger.
Cette personne était la clé. Si nous pouvions la coincer avant qu’elle ne parvienne à mettre la main sur le pokémon du savoir, je pourrais avoir des réponses à certaines de mes questions, car elle en savait probablement bien plus que Créhelf au sujet des Suicune et Entei originaux. Alors nous reprîmes notre chemin, au pas de course, cette fois. Ambre monta sur mon épaule, et Glaciarun semblait revigoré. Il boitait légèrement, mais cela ne l’arrêtait pas pour autant. Il avait maintenant plus de raisons que nous de chercher à connaître la vérité.
Je ne savais pas depuis combien de temps nous courrions, mais à mesure que nous avancions, les ténèbres nous entouraient avec plus de ferveur malgré nos lampes. Au bout d’un temps, et après avoir suivi de nombreuses galeries, qui serpentaient dans cette grotte, que je ne pensais pas aussi grande, nous pûmes voir au loin, à un croisement de galeries, une très légère lueur… Alors que je me disais qu’il valait peut-être mieux faire très attention et avancer prudemment, Gaspard se précipita pour voir ce qui pouvait développer cette lueur dans une pénombre aussi profonde.
J’eus peur de l’appeler, pour ne pas alerter une éventuelle présence, mais je ne pouvais pas le laisser seul dans un moment pareil. Nous ne savions toujours pas ce qui nous attendait dans cette salle. C’était une raison suffisante, pour moi, pour rester ensemble et ne pas risquer l’impossible.
Je courus donc derrière Gaspard, jusqu’à la lueur, qui s’épaississait parmi les effluves sombres de la grotte. Il s’arrêta à la bifurcation, tournant la tête vers l’endroit d’où venait la lumière. Une fois arrivée, le souffle court, à ses côtés, je regardai dans la même direction que lui… pour voir une vaste crevasse, avec une petite source d’eau en son centre.
Au fond de la crevasse, un homme tendait un bâton luminescent, vers les parois beiges. Il semblait chercher quelque chose, ou bien vouloir déchiffrer une série de symboles que nous ne pouvions pas voir de l’endroit où nous nous tenions. En plus de cela, il maugréait des paroles incompréhensibles. Puis il commença à s’énerver. Du fond de la pièce, d’où il ne nous avait pas encore vus, il se mit à appeler de plus en plus fort le pokémon du savoir.
_ Allez, montre-toi, l’elfe. T’as peur ? T’as peur de moi qui n’ai aucun pokémon avec moi ? Mais qu’est-ce que je pourrais bien te faire hein ? Montre-toi !
_ Jamais tu ne l’auras, répondit Gaspard.
L’homme se retourna vers nous, surpris. Mes amis s’étaient avancés jusqu’à la petite source, et sans y faire attention, je les avais suivis, hors de l’abri où nous étions. Glaciarun grognait, tête baissée, prêt à se jeter sur lui.
Ambre qui s’était jeté sur ses épaules pour appuyer son apparence menaçante. Nous savions que l’homme n’était pas seul. Et le petit ponchiot se tenait à ses côtés, aussi fier que s’il avait fait trois fois la taille du loup des glaces. L’Entei qui nous avait barré la route était le sien, c’était indéniable.
_ Il n’est pas nécessaire d’en arriver à de telles extrémités, dit une voix fluette.
Dire est un bien grand mot. En réalité, j’eus l’impression qu’on rentrait dans ma tête pour parler ainsi. Je crus que l’espace et le temps restèrent figés à ces mots. J’espérais que le pokémon n’allait pas répondre à l’appel de cet homme, qu’il n’apparaîtrait même pas. Et bien sur, ce que je redoutais tant était arrivé : au-dessus de nous, passa lentement un être que Gaspard aurait reconnu entre mille.
C’était une toute petite forme humanoïde, et elle lévitait avec une aisance déconcertante. Il n’y avait aucun doute : c’était le fameux Créhelf. Un instant, je me demandai pourquoi, après avoir évité Gaspard aussi longtemps, il se laissait approcher soudain aussi facilement. Sa voix, si l’on peut parler réellement de voix, était légère et fluette. On aurait dit une voix d’enfant. La réponse à ma question intérieure ne tarda pas à se faire connaître :
_ Tu voulais me voir, Kal. Eh bien me voilà.
_ Si j’avais su qu’il suffisait de demander, me murmura Gaspard à l’oreille, je n’aurais probablement pas perdu toutes ces années !
Commença alors un duel de grondement entre les deux pokémons, sans que l’un des deux ose s’avancer et s’attaquer directement à l’autre. Je ne voulais pas que Glaciarun risque inutilement sa peau contre un adversaire de cette trempe. Mais lui, était bien décidé à ne pas laisser l’Entei nous faire du mal.
Je ne savais que faire, et sous mes yeux écarquillés par la peur, les deux grands chiens légendaires se jetèrent l’un sur l’autre, et commencèrent à se battre farouchement. Sans réfléchir, je me précipitai vers eux, pour les séparer ou bien me mêler au combat… A vrai dire, je ne sais pas ce qui me prit. Gaspard eut la bonne idée de me rattraper au vol.
_ Il faut arrêter ça ! Hurlai-je, désemparée.
_ Tout ce que tu peux faire, c’est espérer que Glaciarun ait des attaques de type eau. Ce pokémon est trop puissant pour lui, Ambre ou Salem.
Je le savais, bien sur. Mais si, lorsque j’avais 10 ans, les combats pokémon faisaient partie des choses normales et totalement banales, ils étaient devenu selon moi, au fil du temps, trop brutaux et trop monstrueux pour des créatures qui ne réclamaient qu’un peu d’amour. C’est pourquoi je n’avais jamais plus entrainé Ambre, et c’est pourquoi Glaciarun n’avait pas réellement appris à se battre. Je savais que, non seulement, il était d’un type plus faible, mais en plus, il n’était pas de taille à se battre face à un adversaire de cette trempe…
Alors que je désespérais de trouver une idée, et que les deux combattants continuaient sans relâche, Ambre prit les devants.
_ Ambre, qu’est-ce que tu fais !
Le petit vipélierre n’avait pas aussi peur que moi, et à voir son regard, je sus qu’il avait une idée. D’un coup, il se mit à briller d’une lueur verte, le même genre de lueur que lorsque Gary était passé de petit évoli à grand noctali. Stupéfait, l’Entei cessa le combat contre Glaciarun, qui en profita pour se reculer et reprendre des forces. La lumière qui émanait d’Ambre fut si forte que je dus me protéger les yeux.
Lorsqu’enfin, je pus les ouvrir de nouveau, ce n’était plus un petit vipélierre, qui se tenait face à son adversaire enflammé. Il était devenu un lianaja plein d’assurance. Son unique oreille se dressa un instant sur sa tête, et il n’eut aucun mal à se faire une place entre les deux assaillants. Si Glaciarun était envieux de reprendre le combat, l’Entei, lui, semblait toujours surpris par l’entrée en scène subite d’un être aussi petit face à lui qui était aussi grand. Le grand chien sombre ne parvenait pas à comprendre ce que faisait mon petit lézard. Ambre s’entoura d’un nuage poudreux, et lui sauta à la tête.
Le chien des flammes n’eut pas le temps de réagir, qu’il s’effondra lourdement au sol, assoupi. Je me précipitai vers mes deux pokémons, pour les prendre dans mes bras. Ambre n’avait rien, mais la pelisse de Glaciarun était brûlée à différents endroits, et il avait été sauvagement mordu à une patte.
_ Poudre dodo ? Suggéra Gaspard. Bonne idée.
_ C’est la technique de ceux qui refusent de combattre.
_ Qu’allons-nous faire de celui-là ? demanda-t-il en montrant l’Entei de sa lampe torche.
_ Je n’en sais rien. Il dort, laissons-le ici. Les pokémons des alentours ne s’en soucieront probablement pas. Nous reviendrons le réveiller, dès que tout cela sera terminé.
Gaspard parut réfléchir, puis il acquiesça.
_ Glaciarun, tu peux te mettre debout ?
Mon ami des glaces fit oui de la tête, avant de se mettre sur ses quatre pattes, aidé par Ambre et Salem. Il fallait que tout cela cesse.
Une idée avait germé dans mon esprit : une personne malveillante avait probablement voulu s’emparer du pokémon du savoir. Elle avait pour cela utilisé un pokémon avec la technique brouillard ou ébullition, et elle profitait à présent de la panique générale du dehors pour venir en toute quiétude capturer le pokémon légendaire.
Que voulait-elle en faire ? Je n’osais pas m’imaginer qu’elle voulait le dupliquer comme elle l’avait fait pour Suicune et Entei. Je vis que Gaspard avait eu la même révélation que moi, au regard que nous pûmes échanger.
Cette personne était la clé. Si nous pouvions la coincer avant qu’elle ne parvienne à mettre la main sur le pokémon du savoir, je pourrais avoir des réponses à certaines de mes questions, car elle en savait probablement bien plus que Créhelf au sujet des Suicune et Entei originaux. Alors nous reprîmes notre chemin, au pas de course, cette fois. Ambre monta sur mon épaule, et Glaciarun semblait revigoré. Il boitait légèrement, mais cela ne l’arrêtait pas pour autant. Il avait maintenant plus de raisons que nous de chercher à connaître la vérité.
Je ne savais pas depuis combien de temps nous courrions, mais à mesure que nous avancions, les ténèbres nous entouraient avec plus de ferveur malgré nos lampes. Au bout d’un temps, et après avoir suivi de nombreuses galeries, qui serpentaient dans cette grotte, que je ne pensais pas aussi grande, nous pûmes voir au loin, à un croisement de galeries, une très légère lueur… Alors que je me disais qu’il valait peut-être mieux faire très attention et avancer prudemment, Gaspard se précipita pour voir ce qui pouvait développer cette lueur dans une pénombre aussi profonde.
J’eus peur de l’appeler, pour ne pas alerter une éventuelle présence, mais je ne pouvais pas le laisser seul dans un moment pareil. Nous ne savions toujours pas ce qui nous attendait dans cette salle. C’était une raison suffisante, pour moi, pour rester ensemble et ne pas risquer l’impossible.
Je courus donc derrière Gaspard, jusqu’à la lueur, qui s’épaississait parmi les effluves sombres de la grotte. Il s’arrêta à la bifurcation, tournant la tête vers l’endroit d’où venait la lumière. Une fois arrivée, le souffle court, à ses côtés, je regardai dans la même direction que lui… pour voir une vaste crevasse, avec une petite source d’eau en son centre.
Au fond de la crevasse, un homme tendait un bâton luminescent, vers les parois beiges. Il semblait chercher quelque chose, ou bien vouloir déchiffrer une série de symboles que nous ne pouvions pas voir de l’endroit où nous nous tenions. En plus de cela, il maugréait des paroles incompréhensibles. Puis il commença à s’énerver. Du fond de la pièce, d’où il ne nous avait pas encore vus, il se mit à appeler de plus en plus fort le pokémon du savoir.
_ Allez, montre-toi, l’elfe. T’as peur ? T’as peur de moi qui n’ai aucun pokémon avec moi ? Mais qu’est-ce que je pourrais bien te faire hein ? Montre-toi !
_ Jamais tu ne l’auras, répondit Gaspard.
L’homme se retourna vers nous, surpris. Mes amis s’étaient avancés jusqu’à la petite source, et sans y faire attention, je les avais suivis, hors de l’abri où nous étions. Glaciarun grognait, tête baissée, prêt à se jeter sur lui.
Ambre qui s’était jeté sur ses épaules pour appuyer son apparence menaçante. Nous savions que l’homme n’était pas seul. Et le petit ponchiot se tenait à ses côtés, aussi fier que s’il avait fait trois fois la taille du loup des glaces. L’Entei qui nous avait barré la route était le sien, c’était indéniable.
_ Il n’est pas nécessaire d’en arriver à de telles extrémités, dit une voix fluette.
Dire est un bien grand mot. En réalité, j’eus l’impression qu’on rentrait dans ma tête pour parler ainsi. Je crus que l’espace et le temps restèrent figés à ces mots. J’espérais que le pokémon n’allait pas répondre à l’appel de cet homme, qu’il n’apparaîtrait même pas. Et bien sur, ce que je redoutais tant était arrivé : au-dessus de nous, passa lentement un être que Gaspard aurait reconnu entre mille.
C’était une toute petite forme humanoïde, et elle lévitait avec une aisance déconcertante. Il n’y avait aucun doute : c’était le fameux Créhelf. Un instant, je me demandai pourquoi, après avoir évité Gaspard aussi longtemps, il se laissait approcher soudain aussi facilement. Sa voix, si l’on peut parler réellement de voix, était légère et fluette. On aurait dit une voix d’enfant. La réponse à ma question intérieure ne tarda pas à se faire connaître :
_ Tu voulais me voir, Kal. Eh bien me voilà.
_ Si j’avais su qu’il suffisait de demander, me murmura Gaspard à l’oreille, je n’aurais probablement pas perdu toutes ces années !
Chapitre 4 - Où Gaspard a enfin connu son passé
_ Je ne
m’appelle pas Kal. Cet homme n’existe plus.
Créhelf se mit à tourner autour de lui tandis qu’il brandissait son bâton lumineux pour mieux le voir. A la lueur verte que dégageait son bâton, il paraissait fou.
_ Que veux-tu, Kal ?
L’homme eut un sourire mauvais.
_ Quoi, tu es le pokémon du savoir, et tu ne sais pas ce que je veux ? C’est un comble ! C’est toi que je veux !
Il essaya plusieurs fois de s’emparer à mains nue du pokémon, mais ce dernier l’évita à chacune de ses tentatives, avec une légèreté et une facilité déconcertantes.
_ Non, reprit Créhelf, que veux-tu réellement ? Servir toute ta vie sous les ordres de Don Giovanni en sachant parfaitement que tu ne seras jamais leader à sa place, ou bien retrouver Saeli ?
L’homme arrêta son geste et une grimace, mêlant douleur et rage, se figea sur son visage. Créhelf continua :
_ Sais-tu combien de familles ont été détruites par ta faut ? Te souviens-tu de tous ces pokémons que tu as volés, revendus, torturés ? De tous ces gens que tu as battus, contre lesquels tu as utilisé ton propre pokémons pour les réduire à l’état de cendres ? Est-ce réellement ce que tu souhaitais faire de ta vie, Kal ? Est-ce réellement ce que tu raconteras avec fierté à Saeli ?
_ Satané bestiole ! Je ne veux pas retrouver Saeli ! C’est trop tard pour moi, de toute façon.
Il attrapa une pierre au sol et la jeta rageusement sur le pokémon. Ce dernier l’évita mais cela donna l’élan à Gaspard de se précipiter en avant.
_ Laissez-le !
_ Bouge de là, rugit l’homme en brandissant un révolver contre nous. Créhelf est à moi !
Les paroles de mon amie Shyn étaient gravées dans ma mémoire. Je ne pus pas rester plus longtemps silencieuse.
_ Les pokémons n’appartiennent à personne, dis-je. Encore moins les pokémons légendaires.
_ Et c’est la maîtresse d’un Suicune qui me dit une bêtise pareille ?
_ Je...
Nous savions tous trois, Ambre, Glaciarun et moi, que je ne l’avais jamais forcé à me suivre ni à m’écouter, mais j’étais incapable de dire le moindre mot tant j’étais surprise par ce que l’homme venait de dire.
_ Sales gosses, foutez-moi la paix !
Il arma le chien de son revolver, prêt à faire feu sur nous.
_ Il n’est jamais trop tard, Kal, reprit le pokémon bleu.
_ Ah vraiment ? Et si je n’ai pas envie de changer, si je suis bien comme je suis ?
_ Est-ce réellement ce que tu souhaites, Kal ?
A chaque fois qu’il prononçait son nom, Créhelf faisait tressaillir l’homme. Aux derniers mots du pokémon, il brandit littéralement son arme contre lui. Gaspard ut le temps de se jeter sur lui. Le coup de feu claqua dans les airs, mais le projectile dévia de sa trajectoire.
Les deux jeunes hommes se retrouvaient au sol, luttant pour tenter de s’emparer de l’arme.
_ Créhelf, hurlai-je, fais quelque chose !
Le pokémon ne m’avait pas attendu pour agir. Il bouscula Gaspard, et prit la tête de son assaillant étonné entre ses deux petites mains.
_ Si c’est réellement ce que tu souhaites, alors je n’ai pas d’autre choix.
Une lumière illumina les yeux de Kal, tandis que Créhelf ouvrait les siens. Gaspard en profita pour prendre l’arme des mains de son adversaire, et se retourna en tentant de cacher son visage.
_ Kal, disait le pokémon. Tu n’as jamais fais partie de la Team Rocket. Tu n’as jamais fais couler larmes ni sang. Tu n’as jamais souhaité le mal de quiconque. Tu es toujours resté égal à toi-même, brave et gentil. Retrouves Saeli, coûte que coûte. Elle te montrera tout ce que tu auras fais, et tu te repentiras.
La lumière commença à faiblir, pendant que Créhelf fermait les yeux de nouveau ne laissant plus que nos lampes torche et le bâton lumineux pour éclairer la salle. Le jeune homme se redressa lentement, groggy. Il observa autour de nous.
_ Qu’est-ce que je fais ici ? Demanda Kal.
_ Tu le sauras en temps utiles. Quitte cette grotte, Kal. Le moment est venu pour toi de retrouver Saeli.
_ Saeli ! Où est-elle ?
_ Tu le sais. Pars, Kal.
Le jeune homme n’en dit pas plus, se leva et quitta les lieux, l’incompréhension encore dans son regard. La petite créature reprit de la hauteur, et se tourna enfin vers nous. Créhelf dévisagea tour à tour Gaspard, Glaciarun et Ambre.
Je restais muette, face au pokémon, et comme moi, mes amis ne purent bouger ni dire un mot. Face à notre attitude interdite, Créhelf reprit en observant mon ami qui se relevait :
_ Je vous attendais. Surtout toi, Gaspard.
Le jeune homme était si émerveillé, qu’il s’arrêta dans son mouvement.
Le pokémon soupira tristement :
_ Je savais que tu reviendrais. C’était inévitable.
_ Que je reviendrais ? Mais nous ne nous sommes jamais rencontrés.
_ Tu ne t’en souviens pas, tout simplement. Tu es venu me voir un nombre incalculable de fois, Gaspard. Tous les jours, depuis sent ans, tu viens à moi, tu me demandes de t’expliquer, de te raconter ce qui t’est arrivé lorsque tu étais bébé. Mais dès que tu connais la vérité, tu me demandes d’effacer ta mémoire, pour ne pas avoir à souffrir.
_ Cette vérité que j’attends est-elle si terrible ?
_ Elle fait partie de toi, mais tu ne la supportes pas.
_ Je… non c’est impossible… explique-moi, tout de même.
Alors le petit pokémon humanoïde prit la tête de Gaspard entre ses mains, et posa délicatement son front contre celui de mon ami.
Sans ouvrir les yeux, il n’eut pas besoin de dire quoi que ce fut, pour que des mots que je ne pouvais pas entendre, passent entre eux. Au bout d’un temps, Créhelf lâcha la tête de Gaspard, et reprit une distance entre eux. Pendant encore quelques secondes, le seul bruit qui se faisait entendre, était l’eau de la source, qui coulait sans se soucier de nous.
Gaspard regardait dans le vide, incapable de trouver quoi dire. Il semblait avoir le souffle coupé. Des larmes se formaient au coin de ses yeux. Je savais que je devais l’aider. Je m’approchai de lui et posai ma main sur son épaule.
_ Je n’ai pas entendu ce que Créhelf t’a dit, et tu peux le garder pour toi. Je ne te demanderai rien. On a tous une histoire, avec des hauts et des bas, mais cela ne sert à rien de se voiler la face. Tu n’as plus besoin de regarder en arrière. Maintenant que tu connais ton passé, tout ce que tu peux faire, c’est aller de l’avant.
Il m’observait sans une once de sourire… j’avais l’impression de ne pas l’avoir rassuré. Créhelf s’approcha alors de moi. Il colla sa tête contre la mienne, et posa ses petites pattes sur mes joues. Aussitôt, sa voix se fit plus vaporeuse.
(L’homme qui t’a sauvée tout à l’heure) dit-il dans ma tête (s’appelle Lord Topaze Berzion, de la région de Johto.)
Je connaissais ce nom, c’est celui de la famille de ma mère. Et son prénom était celui d’une pierre précieuse, comme le veut la tradition de la famille Berzion.
(Alors c’est…)
(Ton ancêtre. Il veille sur toi, et il n’est pas le seul. )
(Comment ? Qui d’autre veille sur moi ? )
(Le moment n’est pas encore venu de le savoir. En revanche, tes questions concernant l’origine de ton ami suicune peuvent trouver une réponse : la Team Rocket est à l’origine de tout cela. )
Une image me vint à l’esprit : un homme massif, aux larges épaules, assis dans un grand fauteuil, accompagné d’un persian, observant des photos de Latios et Latias, de Zekrom et Reshiram, Ho-Oh et Lugia, et d’autres légendaires.
(Cet homme est Don Giovanni, le chef d’une organisation criminelle appelée la Team Rocket. Après avoir fait le trafic d’armes, il est passé au stade supérieur il y a de cela une dizaine d’années. Il a fondé cette mafia du crime et du vol de pokémon. Il y a quatre ans, il a décidé de faire le commerce des pokémons légendaires. Il tente de nous faire capturer les uns après les autres, pour nous cloner, à l’aide de la capacité morphing. Ton ami Glaciarun est issu d’un de leurs laboratoires, au même titre que des dizaines d’autres pokémons.)
Créhelf ne me dit pas comment mon ami suicune était parvenu à s’échapper.
(Tu trouveras les réponses à tes autres questions plus tard.)
J’avais tant à lui demander, mais je savais qu’il ne me dirait rien. Alors tandis qu’il rompait le contact entre nous, je ne pus que m’incliner, et me reculer lentement pour le laisser en paix. Mais il n’avait apparemment pas terminé ses recommandations. Il s’approcha de Glaciarun, et fit la même chose avec lui qu’il avait faite avec Gaspard et moi. Pendant un long moment, le silence se fit une fois de plus. J’en profitai pour m’approcher de nouveau de Gaspard.
_ Tout va bien ?
_ Je ne sais plus où j’en suis… j’aurais tellement voulu ne rien savoir.
_ Mais tu es conscient que, s’il efface ta mémoire, tu reviendras, encore et encore, lui demander de te raconter ton histoire.
Il soupira tristement :
_ Tu ne te rends pas compte. Je suis un boulet qu’on traîne.
_ Quoi ? Bien sur que non ! Tu ne te rends pas compte de tout ce que tu as fais. Si tu n’avais pas été là, qui sait ce que le type de la Team Rocket aurait pu tirer de Créhelf ? Qui sait s’il ne l’aurait pas tué ? Et Salem, as-tu pensé à elle ?
Aussitôt, la petite farfuret grimpa sur l’épaule de son ami, pour lui faire un semblant de câlin. Gaspard n’était toujours pas convaincu par ce que je lui disais, mais l’aide de Salem fut précieuse. Elle se colla contre la joue de mon ami, et se mit à ronronner.
_ Gaspard, si tu décides d’effacer de nouveau ta mémoire, tout ce que tu auras fait ici n’aura servi à rien. Cela fait des années que tu cherches à connaître la vérité, en faisant tout pour l’éviter. Cela fait partie de toi, comme l’a dit Créhelf. Tu ne peux rien y changer.
Je ne voulais pas le forcer à me raconter son histoire, s’il n’en avait pas envie. Cela semblait déjà terrible pour lui de supporter une telle charge, alors je n’avais aucune envie d’appuyer sur sa douleur. Il restait un instant, hébété, ne sachant quoi faire, et je me sentais moi-même inutile.
Mais je n’eus pas à attendre longtemps. Créhelf se tourna vers Ambre, et reprit son éternel manège. Cependant, son discours changea :
_ A toi, je n’ai rien à te dire que tu ne saches déjà. Cependant, je peux te donner ceci.
Et il posa simplement une patte sur la tête de mon lianaja. Un éclair en jaillit, qui illumina un instant la pièce, et une fois que le noir reprit sa place de maître, je pus entendre :
_ Ceci, Ambre, fait de toi le meilleur des interprètes.
Les lampes torche se rallumèrent, et je pus entendre pour la première fois une voix que je ne connais à présent que trop bien :
_ Et qu’est-ce que cela me donne ?
Celui qui venait de parler, c’était Ambre. Créhelf lui répondit :
_ Le langage est une arme parfois bien plus efficace que les coups, ainsi que la plus simple et la meilleure des défenses. Il permet de rapprocher des êtres au lieu de les éloigner. Fais bon usage de ce don, Ambre.
Mon lianaja resta un instant coi. Créhelf profita de cet instant, pour s’éloigner de lui.
_ Toi, Salem, tu sais déjà ce que tu as à savoir.
Il se tourna vers le ponchiot.
_ Quant à toi, ton histoire ne fait que commencer. Je vous conseille de partir.
_ Attendez, s’écria Gaspard.
L’animal s’arrêta, et observa mon ami. Je me disais qu’il avait finalement choisi, probablement d’oublier ce passé qu’il n’acceptait pas.
_ Quel est ton choix, Gaspard ? Si tu décides de ne pas te souvenir de ce qu’il t’est arrivé, j’accèderai à ta requête. Mais ça sera la dernière fois. Je ne veux pas que tu aies à passer ta vie entière à courir après ce passé que tu détestes tant.
_ Merci de m’avoir ouvert les yeux. Ce que vous m’avez dévoilé m’a fait un mal atroce. Mais je me sais capable de faire face. Je ne suis plus un enfant.
Créhelf sourit en entendant cela.
_ A présent, tu n’as plus à rester dans ce village. Parcours le monde. Découvres toutes ses richesses.
_ Je reviendrai vous voir, répondit mon ami.
_ Je n’en doute pas.
Et sans un mot de plus, Créhelf disparut, nous laissant seuls avec nos lampes dans cette grotte.
Créhelf se mit à tourner autour de lui tandis qu’il brandissait son bâton lumineux pour mieux le voir. A la lueur verte que dégageait son bâton, il paraissait fou.
_ Que veux-tu, Kal ?
L’homme eut un sourire mauvais.
_ Quoi, tu es le pokémon du savoir, et tu ne sais pas ce que je veux ? C’est un comble ! C’est toi que je veux !
Il essaya plusieurs fois de s’emparer à mains nue du pokémon, mais ce dernier l’évita à chacune de ses tentatives, avec une légèreté et une facilité déconcertantes.
_ Non, reprit Créhelf, que veux-tu réellement ? Servir toute ta vie sous les ordres de Don Giovanni en sachant parfaitement que tu ne seras jamais leader à sa place, ou bien retrouver Saeli ?
L’homme arrêta son geste et une grimace, mêlant douleur et rage, se figea sur son visage. Créhelf continua :
_ Sais-tu combien de familles ont été détruites par ta faut ? Te souviens-tu de tous ces pokémons que tu as volés, revendus, torturés ? De tous ces gens que tu as battus, contre lesquels tu as utilisé ton propre pokémons pour les réduire à l’état de cendres ? Est-ce réellement ce que tu souhaitais faire de ta vie, Kal ? Est-ce réellement ce que tu raconteras avec fierté à Saeli ?
_ Satané bestiole ! Je ne veux pas retrouver Saeli ! C’est trop tard pour moi, de toute façon.
Il attrapa une pierre au sol et la jeta rageusement sur le pokémon. Ce dernier l’évita mais cela donna l’élan à Gaspard de se précipiter en avant.
_ Laissez-le !
_ Bouge de là, rugit l’homme en brandissant un révolver contre nous. Créhelf est à moi !
Les paroles de mon amie Shyn étaient gravées dans ma mémoire. Je ne pus pas rester plus longtemps silencieuse.
_ Les pokémons n’appartiennent à personne, dis-je. Encore moins les pokémons légendaires.
_ Et c’est la maîtresse d’un Suicune qui me dit une bêtise pareille ?
_ Je...
Nous savions tous trois, Ambre, Glaciarun et moi, que je ne l’avais jamais forcé à me suivre ni à m’écouter, mais j’étais incapable de dire le moindre mot tant j’étais surprise par ce que l’homme venait de dire.
_ Sales gosses, foutez-moi la paix !
Il arma le chien de son revolver, prêt à faire feu sur nous.
_ Il n’est jamais trop tard, Kal, reprit le pokémon bleu.
_ Ah vraiment ? Et si je n’ai pas envie de changer, si je suis bien comme je suis ?
_ Est-ce réellement ce que tu souhaites, Kal ?
A chaque fois qu’il prononçait son nom, Créhelf faisait tressaillir l’homme. Aux derniers mots du pokémon, il brandit littéralement son arme contre lui. Gaspard ut le temps de se jeter sur lui. Le coup de feu claqua dans les airs, mais le projectile dévia de sa trajectoire.
Les deux jeunes hommes se retrouvaient au sol, luttant pour tenter de s’emparer de l’arme.
_ Créhelf, hurlai-je, fais quelque chose !
Le pokémon ne m’avait pas attendu pour agir. Il bouscula Gaspard, et prit la tête de son assaillant étonné entre ses deux petites mains.
_ Si c’est réellement ce que tu souhaites, alors je n’ai pas d’autre choix.
Une lumière illumina les yeux de Kal, tandis que Créhelf ouvrait les siens. Gaspard en profita pour prendre l’arme des mains de son adversaire, et se retourna en tentant de cacher son visage.
_ Kal, disait le pokémon. Tu n’as jamais fais partie de la Team Rocket. Tu n’as jamais fais couler larmes ni sang. Tu n’as jamais souhaité le mal de quiconque. Tu es toujours resté égal à toi-même, brave et gentil. Retrouves Saeli, coûte que coûte. Elle te montrera tout ce que tu auras fais, et tu te repentiras.
La lumière commença à faiblir, pendant que Créhelf fermait les yeux de nouveau ne laissant plus que nos lampes torche et le bâton lumineux pour éclairer la salle. Le jeune homme se redressa lentement, groggy. Il observa autour de nous.
_ Qu’est-ce que je fais ici ? Demanda Kal.
_ Tu le sauras en temps utiles. Quitte cette grotte, Kal. Le moment est venu pour toi de retrouver Saeli.
_ Saeli ! Où est-elle ?
_ Tu le sais. Pars, Kal.
Le jeune homme n’en dit pas plus, se leva et quitta les lieux, l’incompréhension encore dans son regard. La petite créature reprit de la hauteur, et se tourna enfin vers nous. Créhelf dévisagea tour à tour Gaspard, Glaciarun et Ambre.
Je restais muette, face au pokémon, et comme moi, mes amis ne purent bouger ni dire un mot. Face à notre attitude interdite, Créhelf reprit en observant mon ami qui se relevait :
_ Je vous attendais. Surtout toi, Gaspard.
Le jeune homme était si émerveillé, qu’il s’arrêta dans son mouvement.
Le pokémon soupira tristement :
_ Je savais que tu reviendrais. C’était inévitable.
_ Que je reviendrais ? Mais nous ne nous sommes jamais rencontrés.
_ Tu ne t’en souviens pas, tout simplement. Tu es venu me voir un nombre incalculable de fois, Gaspard. Tous les jours, depuis sent ans, tu viens à moi, tu me demandes de t’expliquer, de te raconter ce qui t’est arrivé lorsque tu étais bébé. Mais dès que tu connais la vérité, tu me demandes d’effacer ta mémoire, pour ne pas avoir à souffrir.
_ Cette vérité que j’attends est-elle si terrible ?
_ Elle fait partie de toi, mais tu ne la supportes pas.
_ Je… non c’est impossible… explique-moi, tout de même.
Alors le petit pokémon humanoïde prit la tête de Gaspard entre ses mains, et posa délicatement son front contre celui de mon ami.
Sans ouvrir les yeux, il n’eut pas besoin de dire quoi que ce fut, pour que des mots que je ne pouvais pas entendre, passent entre eux. Au bout d’un temps, Créhelf lâcha la tête de Gaspard, et reprit une distance entre eux. Pendant encore quelques secondes, le seul bruit qui se faisait entendre, était l’eau de la source, qui coulait sans se soucier de nous.
Gaspard regardait dans le vide, incapable de trouver quoi dire. Il semblait avoir le souffle coupé. Des larmes se formaient au coin de ses yeux. Je savais que je devais l’aider. Je m’approchai de lui et posai ma main sur son épaule.
_ Je n’ai pas entendu ce que Créhelf t’a dit, et tu peux le garder pour toi. Je ne te demanderai rien. On a tous une histoire, avec des hauts et des bas, mais cela ne sert à rien de se voiler la face. Tu n’as plus besoin de regarder en arrière. Maintenant que tu connais ton passé, tout ce que tu peux faire, c’est aller de l’avant.
Il m’observait sans une once de sourire… j’avais l’impression de ne pas l’avoir rassuré. Créhelf s’approcha alors de moi. Il colla sa tête contre la mienne, et posa ses petites pattes sur mes joues. Aussitôt, sa voix se fit plus vaporeuse.
(L’homme qui t’a sauvée tout à l’heure) dit-il dans ma tête (s’appelle Lord Topaze Berzion, de la région de Johto.)
Je connaissais ce nom, c’est celui de la famille de ma mère. Et son prénom était celui d’une pierre précieuse, comme le veut la tradition de la famille Berzion.
(Alors c’est…)
(Ton ancêtre. Il veille sur toi, et il n’est pas le seul. )
(Comment ? Qui d’autre veille sur moi ? )
(Le moment n’est pas encore venu de le savoir. En revanche, tes questions concernant l’origine de ton ami suicune peuvent trouver une réponse : la Team Rocket est à l’origine de tout cela. )
Une image me vint à l’esprit : un homme massif, aux larges épaules, assis dans un grand fauteuil, accompagné d’un persian, observant des photos de Latios et Latias, de Zekrom et Reshiram, Ho-Oh et Lugia, et d’autres légendaires.
(Cet homme est Don Giovanni, le chef d’une organisation criminelle appelée la Team Rocket. Après avoir fait le trafic d’armes, il est passé au stade supérieur il y a de cela une dizaine d’années. Il a fondé cette mafia du crime et du vol de pokémon. Il y a quatre ans, il a décidé de faire le commerce des pokémons légendaires. Il tente de nous faire capturer les uns après les autres, pour nous cloner, à l’aide de la capacité morphing. Ton ami Glaciarun est issu d’un de leurs laboratoires, au même titre que des dizaines d’autres pokémons.)
Créhelf ne me dit pas comment mon ami suicune était parvenu à s’échapper.
(Tu trouveras les réponses à tes autres questions plus tard.)
J’avais tant à lui demander, mais je savais qu’il ne me dirait rien. Alors tandis qu’il rompait le contact entre nous, je ne pus que m’incliner, et me reculer lentement pour le laisser en paix. Mais il n’avait apparemment pas terminé ses recommandations. Il s’approcha de Glaciarun, et fit la même chose avec lui qu’il avait faite avec Gaspard et moi. Pendant un long moment, le silence se fit une fois de plus. J’en profitai pour m’approcher de nouveau de Gaspard.
_ Tout va bien ?
_ Je ne sais plus où j’en suis… j’aurais tellement voulu ne rien savoir.
_ Mais tu es conscient que, s’il efface ta mémoire, tu reviendras, encore et encore, lui demander de te raconter ton histoire.
Il soupira tristement :
_ Tu ne te rends pas compte. Je suis un boulet qu’on traîne.
_ Quoi ? Bien sur que non ! Tu ne te rends pas compte de tout ce que tu as fais. Si tu n’avais pas été là, qui sait ce que le type de la Team Rocket aurait pu tirer de Créhelf ? Qui sait s’il ne l’aurait pas tué ? Et Salem, as-tu pensé à elle ?
Aussitôt, la petite farfuret grimpa sur l’épaule de son ami, pour lui faire un semblant de câlin. Gaspard n’était toujours pas convaincu par ce que je lui disais, mais l’aide de Salem fut précieuse. Elle se colla contre la joue de mon ami, et se mit à ronronner.
_ Gaspard, si tu décides d’effacer de nouveau ta mémoire, tout ce que tu auras fait ici n’aura servi à rien. Cela fait des années que tu cherches à connaître la vérité, en faisant tout pour l’éviter. Cela fait partie de toi, comme l’a dit Créhelf. Tu ne peux rien y changer.
Je ne voulais pas le forcer à me raconter son histoire, s’il n’en avait pas envie. Cela semblait déjà terrible pour lui de supporter une telle charge, alors je n’avais aucune envie d’appuyer sur sa douleur. Il restait un instant, hébété, ne sachant quoi faire, et je me sentais moi-même inutile.
Mais je n’eus pas à attendre longtemps. Créhelf se tourna vers Ambre, et reprit son éternel manège. Cependant, son discours changea :
_ A toi, je n’ai rien à te dire que tu ne saches déjà. Cependant, je peux te donner ceci.
Et il posa simplement une patte sur la tête de mon lianaja. Un éclair en jaillit, qui illumina un instant la pièce, et une fois que le noir reprit sa place de maître, je pus entendre :
_ Ceci, Ambre, fait de toi le meilleur des interprètes.
Les lampes torche se rallumèrent, et je pus entendre pour la première fois une voix que je ne connais à présent que trop bien :
_ Et qu’est-ce que cela me donne ?
Celui qui venait de parler, c’était Ambre. Créhelf lui répondit :
_ Le langage est une arme parfois bien plus efficace que les coups, ainsi que la plus simple et la meilleure des défenses. Il permet de rapprocher des êtres au lieu de les éloigner. Fais bon usage de ce don, Ambre.
Mon lianaja resta un instant coi. Créhelf profita de cet instant, pour s’éloigner de lui.
_ Toi, Salem, tu sais déjà ce que tu as à savoir.
Il se tourna vers le ponchiot.
_ Quant à toi, ton histoire ne fait que commencer. Je vous conseille de partir.
_ Attendez, s’écria Gaspard.
L’animal s’arrêta, et observa mon ami. Je me disais qu’il avait finalement choisi, probablement d’oublier ce passé qu’il n’acceptait pas.
_ Quel est ton choix, Gaspard ? Si tu décides de ne pas te souvenir de ce qu’il t’est arrivé, j’accèderai à ta requête. Mais ça sera la dernière fois. Je ne veux pas que tu aies à passer ta vie entière à courir après ce passé que tu détestes tant.
_ Merci de m’avoir ouvert les yeux. Ce que vous m’avez dévoilé m’a fait un mal atroce. Mais je me sais capable de faire face. Je ne suis plus un enfant.
Créhelf sourit en entendant cela.
_ A présent, tu n’as plus à rester dans ce village. Parcours le monde. Découvres toutes ses richesses.
_ Je reviendrai vous voir, répondit mon ami.
_ Je n’en doute pas.
Et sans un mot de plus, Créhelf disparut, nous laissant seuls avec nos lampes dans cette grotte.
Chapitre 5 - Où mon équipe s'est agrandie
Il ne
nous fallut pas longtemps pour retourner aux abords de la grotte. Ambre, qui
avait découvert ce que Créhelf lui avait donné en même temps que nous, s’était
mis à bavasser tout seul. Il semblait tellement heureux de pouvoir enfin parler
le langage humain, qu’il ne cessait de parler continuellement. Les seuls
moments de silence étaient ceux où il reprenait sa respiration. Il était le
seul à parler. Glaciarun paraissait serein. Je ne savais pas de quoi il s’était
entretenu avec Créhelf, mais cela lui avait apparemment fait beaucoup de bien.
Quant au ponchiot qui nous avait accompagnés, il était visiblement heureux de
l’avoir fait. Il courait après Glaciarun et s’amusait avec ses rubans flottant
à ses côtés.
En sortant de la grotte, mes amis et moi vîmes que tout, dehors, avait reprit son apparence normale. Le lac était ce qu’il avait toujours été, et il n’y avait plus la moindre trace de brouillard, ou de pokémons coincés dans des cavités. Je ne comprenais pas.
Quelques heures auparavant, nous ne pouvions pas même distinguer le soleil, tant la brume était épaisse, et des groupes de sauvetage se formaient pour venir en aide aux pokémons coincés.
Et soudain, le lac avait retrouvé toute sa splendeur, et les animaux y nageaient tranquillement, comme si rien n’y était arrivé. L’atmosphère elle-même avait changé du tout au tout. Je restais sans voix. Glaciarun était le seul qui ne fut pas choqué par ce que nous voyions.
_ On dirait qu’un certain Créhelf est passé par ici, dit Ambre. Il ne voulait sans doute pas que les habitants se posent des questions. C’est peut-être aussi bien ainsi.
_ Je veux bien croire qu’il ait réussi à leur effacer la mémoire, répondis-je, mais comment a-t-il pu changer le brouillard en eau ?
_ Il n’y a peut-être pas besoin de le savoir. Tout est redevenu paisible comme avant, et je pense que c’est le principal. Il ne faut pas toujours chercher une raison à tout. Vivre, c’est amplement suffisant.
C’était Gaspard qui avait eu ces derniers mots, et j’avoue que cette réponse m’avait plu. L’eau du lac n’était pas complètement gelée, malgré la neige qui tombait de nouveau sans discontinuer, et Glaciarun dut nous transporter jusqu’à la rive. Il commença par Gaspard et Salem, et je le vis marcher sur l’eau, avec une grâce et une majesté que je ne lui connaissais pas.
_ Avec quelques mots, Créhelf l’a totalement changé, dis-je à Ambre. Je me demande ce qu’il a bien pu lui raconter.
_ Je suppose qu’il lui a dit qu’il était unique, et que de ce fait, il méritait autant sa place dans ce monde que le véritable Suicune.
Un instant, je regardai mon lianaja, surprise. Il était assis à mes côtés, en tailleur, son unique oreille fièrement dressée sur sa tête, son petit museau retroussé comme à son habitude, le regard vif. Sa queue fouettait les airs nonchalamment, comme s’il était sur de tout. Il tourna la tête vers moi, et eut un geste interrogateur.
_ Quoi ? Demanda-t-il comme je le dévisageais.
_ Rien.
Mon regard se reporta sur les berges du lac Savoir, et je pris la même posture que mon ami.
_ Je te trouve chouette, sous ta forme lianaja.
Ambre ne sut quoi répondre à cela, et c’est donc en silence que nous vîmes Glaciarun, qui était revenu nous chercher. De l’autre côté de la surface liquide, Gaspard et Salem s’étaient assis à leur tour. Le ponchiot était resté sur le dos de Glaciarun, pendant les deux trajets. Il aboyait avec joie, tandis que le chien des glaces approchait. En quelques foulées, il fut sur la terre ferme. Ambre s’agrippa à mes épaules, tandis que je montais sur le dos de Glaciarun, à moitié noyée dans son voile bleu.
Il ne fallut que quelques instants à mon ami pour nous emmener sur l’autre rive, où Gaspard et Salem nous attendaient. Ils se levèrent, Salem grimpa sur le dos de Gaspard, de la même façon qu’Ambre avait pris appuis sur mon épaule, et nous fîmes route jusqu’au port de Frimapic.
Là, je retrouvai le capitaine Colt qui prit de mes nouvelles. Aucun des habitants ne semblait savoir ce qui s’était passé au lac. Nous étions les seuls à être au courant, et Créhelf avait probablement pensé que nous n’en parlerions pas. Il avait raison, car nous ne voulions pas alerter les habitants, et il ne nous fallut qu’un échange de regards pour en faire notre secret.
Gaspard se précipita vers le centre pokémon, et alors que sa mère Lila en sortait, il sauta dans ses bras. Ce n’est que plus tard que je compris pourquoi il avait agit ainsi, et pourquoi il avait refusé la vérité.
Quant au petit ponchiot, qui nous avait suivis jusque dans la grotte, allant au-delà du danger pour rester avec nous, il retrouva joyeusement son frère et sa maîtresse en même temps que Gaspard. Mais je sentais qu’il s’était tissé un lien, entre Glaciarun et lui. Il ne tarda pas en aboiements et en sentiments, au contraire, j’eus l’impression qu’il lui tardait de partir avec nous.
Avec une dernière caresse sur la fourrure de son encolure, Lila l’incita à partir puisqu’il le souhaitait tant. Le ponchiot ne se fit pas prier, et retourna se fourrer dans les pattes de Glaciarun, qui, tout surpris, le laissa aussi jouer avec ses rubans, avec encore des aboiements gais. Il bondissait sans cesse autour du grand canidé, qui se mit à apprécier la situation.
Sinnoh nous tendait les bras, il n’y avait plus qu’à se lancer à corps perdu dans cette région, pour y découvrir toutes les légendes, les merveilles, les mystères. Mes amis et moi étions prêts, il ne nous restait plus qu’à faire nos adieux à cette ville. Le capitaine Colt s’approcha de moi, et me donna une boucle de ceinture, qui ressemblait à une demi-lune argentée. Alors qu’il me la tendait, je la pris pour mieux l’examiner.
_ Ch’ais qu’tu vas pô rev’nir avant un bail, moussaillon. Alors gardes c’cadeau. Ça prouve qu’t’as fais partie de la flotte du Cap’tain Colt Vanhimer, mon p’tit.
_ Je le garderai précieusement, monsieur Vanhimer.
_ N’oublies pas mon p’tit, les marins viennent en aide aux marins. C’est comm’ça chez nous. Alors si t’es dans un’sale galère, fais voir c’te boucle d’ceinturon. On viendra à ton s’cours plus rapid’ment qu’on hisse un phoque !
Il termina sa phrase par une grande claque dans mon dos, ce qui eut le don de me faire fortement tousser.
_ Et si qu’t’es perdue dans la mer, suis les goélises. Elles connaissent l’océan mieux qu’un marin d’mon expérience ! Elles te f’ront r’trouver la terr’ferme en un rien d’temps.
_ Oui, capitaine.
L’homme s’en retourna, son roucarnage à ses côtés. Pour ma part, je me dirigeai vers Gaspard et sa mère, devant le centre pokémon, avant de quitter définitivement les lieux. Lila me prit dans ses bras.
_ Gardes les vêtements chauds, me dit-elle. Je suis certaine que cela t’aidera pour ton voyage.
_ J’ose espérer ne jamais mettre les pieds dans une contrée aussi froide, sauf pour vous rendre visite ! Répondis-je.
Gaspard s’éloigna un peu de la foule qui s’était amassée pour voir partir le capitaine Vanhimer, et me raconta son histoire : il n’était pas un enfant voulu. Sa mère l’avait abandonné sur les rives du lac Savoir, et Créhelf l’avait trouvé là.
Il avait pris soin de lui, pendant la tempête qui fit alors rage, une des plus grosses tempête de Sinnoh depuis des années. Puis lorsque le temps se calma, Créhelf apporta le poupon au port de Frimapic. Lila, qui n’était à l’époque pas encore infirmière Joëlle, lui promit de s’occuper de lui comme s’il était son enfant. C’est pourquoi elle était si protectrice envers lui. Et c’est pourquoi il s’était blotti dans ses bras au retour au port. Pour lui dire à quel point il était fier de l’avoir comme mère.
A présent que j’avais compris, je fis mes adieux à mon ami, puis à Salem. Ils nous firent signe alors que nous quittions le port, pour aller dans les terres. Je ne savais pas encore à quel point ces deux-là me manqueraient.
C’est ainsi que mon groupe, agrandi par le cher petit ponchiot que j’avais pris la liberté de surnommer Smith, reprit la route. Il nous restait tant de choses à découvrir, tant de montagnes à gravir, tant de contrées à parcourir… j’étais prête à tout pour aider mon ami Glaciarun à retrouver ses origines.
Grâce à Créhelf, je comprenais mieux le contexte dans lequel était apparu mon ami des glaces. Désormais, j’avais un nouveau but : retrouver le véritable Suicune, l’aider à s’échapper du laboratoire dans lequel il était enfermé, et permettre à Glaciarun de s’entretenir avec lui.
Avec de tels amis à mes côtés, j’étais certaine d’y parvenir !
En sortant de la grotte, mes amis et moi vîmes que tout, dehors, avait reprit son apparence normale. Le lac était ce qu’il avait toujours été, et il n’y avait plus la moindre trace de brouillard, ou de pokémons coincés dans des cavités. Je ne comprenais pas.
Quelques heures auparavant, nous ne pouvions pas même distinguer le soleil, tant la brume était épaisse, et des groupes de sauvetage se formaient pour venir en aide aux pokémons coincés.
Et soudain, le lac avait retrouvé toute sa splendeur, et les animaux y nageaient tranquillement, comme si rien n’y était arrivé. L’atmosphère elle-même avait changé du tout au tout. Je restais sans voix. Glaciarun était le seul qui ne fut pas choqué par ce que nous voyions.
_ On dirait qu’un certain Créhelf est passé par ici, dit Ambre. Il ne voulait sans doute pas que les habitants se posent des questions. C’est peut-être aussi bien ainsi.
_ Je veux bien croire qu’il ait réussi à leur effacer la mémoire, répondis-je, mais comment a-t-il pu changer le brouillard en eau ?
_ Il n’y a peut-être pas besoin de le savoir. Tout est redevenu paisible comme avant, et je pense que c’est le principal. Il ne faut pas toujours chercher une raison à tout. Vivre, c’est amplement suffisant.
C’était Gaspard qui avait eu ces derniers mots, et j’avoue que cette réponse m’avait plu. L’eau du lac n’était pas complètement gelée, malgré la neige qui tombait de nouveau sans discontinuer, et Glaciarun dut nous transporter jusqu’à la rive. Il commença par Gaspard et Salem, et je le vis marcher sur l’eau, avec une grâce et une majesté que je ne lui connaissais pas.
_ Avec quelques mots, Créhelf l’a totalement changé, dis-je à Ambre. Je me demande ce qu’il a bien pu lui raconter.
_ Je suppose qu’il lui a dit qu’il était unique, et que de ce fait, il méritait autant sa place dans ce monde que le véritable Suicune.
Un instant, je regardai mon lianaja, surprise. Il était assis à mes côtés, en tailleur, son unique oreille fièrement dressée sur sa tête, son petit museau retroussé comme à son habitude, le regard vif. Sa queue fouettait les airs nonchalamment, comme s’il était sur de tout. Il tourna la tête vers moi, et eut un geste interrogateur.
_ Quoi ? Demanda-t-il comme je le dévisageais.
_ Rien.
Mon regard se reporta sur les berges du lac Savoir, et je pris la même posture que mon ami.
_ Je te trouve chouette, sous ta forme lianaja.
Ambre ne sut quoi répondre à cela, et c’est donc en silence que nous vîmes Glaciarun, qui était revenu nous chercher. De l’autre côté de la surface liquide, Gaspard et Salem s’étaient assis à leur tour. Le ponchiot était resté sur le dos de Glaciarun, pendant les deux trajets. Il aboyait avec joie, tandis que le chien des glaces approchait. En quelques foulées, il fut sur la terre ferme. Ambre s’agrippa à mes épaules, tandis que je montais sur le dos de Glaciarun, à moitié noyée dans son voile bleu.
Il ne fallut que quelques instants à mon ami pour nous emmener sur l’autre rive, où Gaspard et Salem nous attendaient. Ils se levèrent, Salem grimpa sur le dos de Gaspard, de la même façon qu’Ambre avait pris appuis sur mon épaule, et nous fîmes route jusqu’au port de Frimapic.
Là, je retrouvai le capitaine Colt qui prit de mes nouvelles. Aucun des habitants ne semblait savoir ce qui s’était passé au lac. Nous étions les seuls à être au courant, et Créhelf avait probablement pensé que nous n’en parlerions pas. Il avait raison, car nous ne voulions pas alerter les habitants, et il ne nous fallut qu’un échange de regards pour en faire notre secret.
Gaspard se précipita vers le centre pokémon, et alors que sa mère Lila en sortait, il sauta dans ses bras. Ce n’est que plus tard que je compris pourquoi il avait agit ainsi, et pourquoi il avait refusé la vérité.
Quant au petit ponchiot, qui nous avait suivis jusque dans la grotte, allant au-delà du danger pour rester avec nous, il retrouva joyeusement son frère et sa maîtresse en même temps que Gaspard. Mais je sentais qu’il s’était tissé un lien, entre Glaciarun et lui. Il ne tarda pas en aboiements et en sentiments, au contraire, j’eus l’impression qu’il lui tardait de partir avec nous.
Avec une dernière caresse sur la fourrure de son encolure, Lila l’incita à partir puisqu’il le souhaitait tant. Le ponchiot ne se fit pas prier, et retourna se fourrer dans les pattes de Glaciarun, qui, tout surpris, le laissa aussi jouer avec ses rubans, avec encore des aboiements gais. Il bondissait sans cesse autour du grand canidé, qui se mit à apprécier la situation.
Sinnoh nous tendait les bras, il n’y avait plus qu’à se lancer à corps perdu dans cette région, pour y découvrir toutes les légendes, les merveilles, les mystères. Mes amis et moi étions prêts, il ne nous restait plus qu’à faire nos adieux à cette ville. Le capitaine Colt s’approcha de moi, et me donna une boucle de ceinture, qui ressemblait à une demi-lune argentée. Alors qu’il me la tendait, je la pris pour mieux l’examiner.
_ Ch’ais qu’tu vas pô rev’nir avant un bail, moussaillon. Alors gardes c’cadeau. Ça prouve qu’t’as fais partie de la flotte du Cap’tain Colt Vanhimer, mon p’tit.
_ Je le garderai précieusement, monsieur Vanhimer.
_ N’oublies pas mon p’tit, les marins viennent en aide aux marins. C’est comm’ça chez nous. Alors si t’es dans un’sale galère, fais voir c’te boucle d’ceinturon. On viendra à ton s’cours plus rapid’ment qu’on hisse un phoque !
Il termina sa phrase par une grande claque dans mon dos, ce qui eut le don de me faire fortement tousser.
_ Et si qu’t’es perdue dans la mer, suis les goélises. Elles connaissent l’océan mieux qu’un marin d’mon expérience ! Elles te f’ront r’trouver la terr’ferme en un rien d’temps.
_ Oui, capitaine.
L’homme s’en retourna, son roucarnage à ses côtés. Pour ma part, je me dirigeai vers Gaspard et sa mère, devant le centre pokémon, avant de quitter définitivement les lieux. Lila me prit dans ses bras.
_ Gardes les vêtements chauds, me dit-elle. Je suis certaine que cela t’aidera pour ton voyage.
_ J’ose espérer ne jamais mettre les pieds dans une contrée aussi froide, sauf pour vous rendre visite ! Répondis-je.
Gaspard s’éloigna un peu de la foule qui s’était amassée pour voir partir le capitaine Vanhimer, et me raconta son histoire : il n’était pas un enfant voulu. Sa mère l’avait abandonné sur les rives du lac Savoir, et Créhelf l’avait trouvé là.
Il avait pris soin de lui, pendant la tempête qui fit alors rage, une des plus grosses tempête de Sinnoh depuis des années. Puis lorsque le temps se calma, Créhelf apporta le poupon au port de Frimapic. Lila, qui n’était à l’époque pas encore infirmière Joëlle, lui promit de s’occuper de lui comme s’il était son enfant. C’est pourquoi elle était si protectrice envers lui. Et c’est pourquoi il s’était blotti dans ses bras au retour au port. Pour lui dire à quel point il était fier de l’avoir comme mère.
A présent que j’avais compris, je fis mes adieux à mon ami, puis à Salem. Ils nous firent signe alors que nous quittions le port, pour aller dans les terres. Je ne savais pas encore à quel point ces deux-là me manqueraient.
C’est ainsi que mon groupe, agrandi par le cher petit ponchiot que j’avais pris la liberté de surnommer Smith, reprit la route. Il nous restait tant de choses à découvrir, tant de montagnes à gravir, tant de contrées à parcourir… j’étais prête à tout pour aider mon ami Glaciarun à retrouver ses origines.
Grâce à Créhelf, je comprenais mieux le contexte dans lequel était apparu mon ami des glaces. Désormais, j’avais un nouveau but : retrouver le véritable Suicune, l’aider à s’échapper du laboratoire dans lequel il était enfermé, et permettre à Glaciarun de s’entretenir avec lui.
Avec de tels amis à mes côtés, j’étais certaine d’y parvenir !